L'idée que la vie à évoluer des organismes simples vers les plus compliquer paraît logique. Il n'y a qu'à comparer les fossiles des rares organismes unicellulaires très simples apparus il y a 4 milliards d'années avec l'incroyable diversité actuelle... On peut ainsi penser que la sélection naturelle, cette force à la base de l'évolution, à participer à ce progrès, en favorisant les organismes les plus aptes - donc les plus complexes. Mais cette approche, l'évolutionniste Stephen J. Gould l'a trouvée "sotte" ! Certes, écrivait-il dans l'Eventail du vivant en 1997, "la créature la plus complexe à manifester une tendance à croître en sophistication au fil du temps, mais je nie catégoriquement que ce spécimen extrêmement réduit conforte l'existence d'une dynamique générale de progrès dans l'histoire de la vie". Et il avait de bonnes raisons de penser cela. Les premières bactéries sont apparues il y a près de 4 milliards d'années, les premières cellules avec noyau, il y a 2,5 milliards d'années... Et les organismes pluricellulaires, il y aurait 2 milliards d'années. Si la complexité devait être l'apogée du vivant, elle a pris son temps ! Et les nouveaux venus n'ont pas toujours eu un réel avantage évolutif par rapport aux unicellulaires... Certes, les faunes fossiles (Ediacara, -565 millions d'années, ou Burgess, -500 millions d'années) montrent une fantastique diversité, signe d'une réussite évolutive - mais elles ont été décimées lors de grandes extinctions. Et le niveau de complexité du vivant n'aurait pu augmenter depuis lors. Encore omniprésentes aujourd'hui, les bactéries n'ont pas connu ce genre d'incident de parcours... C'est à se demander si toutes les sophistications biologiques valent le coup. D'ailleurs, l'évolution va parfois dans le sens de la simplification, comme en témoignent certaines familles de vers qui ont perdu leur cavité abdominale au fil des générations.
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