Évolution de la Vision et de l'Œil

Un Même Gène pour Tous les Yeux

L.C. - SCIENCES ET AVENIR HS N°188 > Janvier-Février > 2017

Pourquoi le Blanc de l'Œil est plus petit chez l'Animal que chez l'Homme ?

Effectivement : l'homme est le seul animal à pouvoir littéralement regarder ses congénères dans le blanc des yeux.

Car, contrairement aux autres animaux, grands singes compris, Homo sapiens possède une sclère - l'enveloppe blanche protectricte de l'œil qui entoure l'iris - particulièrement visible. Dans le reste du règne animal, elle est cachée, ou très réduite. Morphologiquement, l'explication est simple : "Chez les autres animaux, l'œil se situe plus au fond de l'orbite ; si bien qu'on distingue moins leur sclère", explique le Dr Jean-Paul Dray, ophtalmologue. Oui, mais pourquoi cette particularité ?

UN AVANTAGE DÉCISIF : Selon une étude publiée en 2006 par des chercheurs de l'Institut Max-Planck d'anthopologie évolutive (Leipzig), la grande taille de la sclère de nos ancêtres aurait pu être sélectionnée par l'évolution. Elle aurait en effet donné un avantage décisif lors des parties de chasse en permettant d'établir un meilleur contact visuel, et donc une meilleure communication silencieuse, ce qui aurait favorisé la coopération entre chasseurs. Les mouvements de l'iris - et donc la direction du regard - sont plus faciles à détecter sur un fond blanc. Des chercheurs ont ainsi observé que chez les grands singes, dont la sclère est foncée, la communication silencieuse passe davantage par des mouvements de la tête que par le regard. Mais il pourrait y avoir d'autres pistes à explorer, comme le fait que le niveau de blancheur de la sclère puisse avoir également été sélectionné pour sa capacité à donnter un indice sur l'état de santé des individus.

M.Ga. - SCIENCE & VIE N°1155 > Décembre > 2013

Ce Fossile Témoigne de l'Évolution Rapide de l'Œil

Des paléontologues ont découvert dans le sud de l'Australie les restes fossilisés d'yeux d'arthropodes vieux de 515 millions d'années - des yeux "composés" à facettes, comme chez la mouche.

Leur grand âge les place parmi les plus vieux connus, et leur incroyable préservation a apporté son lot de surprises. Leur étude a en effet montré qu'ils contenaient 3000 facettes, quand la moyenne à l'époque était plutôt d'une centaine !

Plus un œil contient de facettes, plus il est performant : leur propriétaire devait donc être un prédateur redoutable et mobile... Les yeux étant détachés du corps, impossible d'identifier ce dernier à coup sûr. Néanmoins, "étant donné la taille de ses yeux, 1 centimètre de diamètre, l'animal devait mesurer une dizaine de centimètres, indique le professeur Michael Lee, de l'université d'Adélaïde, responsable de l'équipe. Or, le seul arthropode de cette taille découvert dans ce dépôt géologique s'appelle Tuzoia et ressemble à une grosse crevette portant une coquille bivalve". Cette étude montre qu'une forte pression de sélection s'est exercée très tôt sur l'œil, conduisant à son évolution rapide.

C.H. - SCIENCE & VIE > Septembre > 2011

Des Animaux Primitifs "Voyaient" comme nous

L'hydre, animal marin de la même famille que les méduses, apparu il y a 600 millions d'années, utilise le même processus que l'homme pour transformer la lumière qu'elle détecte en information sur son environnement.

Il s'agit de la "phototransduction", contrôlée par l'opsine, une protéine qui déclenche l'ouverture de minuscules canaux "ioniques" situés dans la membrane de ses cellules, et dans lesquels les photons (particules de lumière) sont transformés en signaux électriques, donc en informations. Cette découverte de chercheurs de l'université de Californie permet de retracer les premiers pas des organismes vers la sensibilité à la lumière. Alors qu'on distingue les êtres vivants qui ont des yeux de ceux qui n'en ont pas, elle rappelle que les organismes sont des mélanges d'anciens et de nouveaux caractères.

V.B. - SCIENCE & VIE > Mai > 2010

La Vision est Née il y a 600 millions d'années

Les gènes de l'hydre, très vieil animal aquatique, ont été analysés.

Une équipe de chercheurs menée par David Plachetzki (université de Californie) vient de dater l'origine de la vision animale - il y a 600 millions d'années - à partir du patrimoine génétique d'espèces anciennes comme les coraux ou les méduses.

Elle a ainsi analysé l'évolution d'un groupe de gènes particuliers impliqués dans la formation de l'opsine, protéine capable de transformer la lumière en signal électrique.

A.P. - SCIENCE & VIE > Mai > 2007

L'Œil a bien une Origine Unique

Ce n'est pas parce qu'un animal vit dans l'obscurité qu'il est dépourvu de capteurs de lumière, autrement dit de cellules photoréceptrices.

Shawn Xu et ses collègues de l'université du Michigan, aux États-Unis, ont en effet découvert que le ver Caenorhabditis elegans fuit la lumière, et particulièrement les UVA qui sont les plus dangereux pour lui. Les chercheurs sont parvenus à identifier les neurones photorécepteurs qui réagissent à la lumière, ainsi que les molécules impliquées dans la conversion du signal lumineux en un signal électrique, signal qui est ensuite traité par le système nerveux du ver, et qui entraîne sa fuite. Et là, surprise : il s'agit des mêmes molécules que chez les vertébrés. De plus, la dépolarisation à l'origine du signal électrique est induite par la fermeture des mêmes canaux ioniques que chez les vertébrés, les CNG. Les constituants primitifs de l'œil étaient donc déjà présents chez des animaux apparus avant les premiers vertébrés, autrement dit il y a plus de 540 millions d'années. Cette découverte confirme l'hypothèse de Darwin selon laquelle l'oil a une origine unique. Une autre hypothèse voulait que l'œil soit apparu séparément chez vertébrés et invertébrés.

C.H. - SCIENCE & VIE > Septembre > 2008

 

   
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