Comment Marche la Mémoire ?

 Peut-on Implanter de Faux Souvenirs ?

ÇA M'INTÉRESSE Question-Réponses N°16 > Novembre-Janvier > 2017

 Pour se Souvenir, il Faut Oublier

L'oubli n'est pas un défaut de la mémoire, mais en réalité sa capacité la plus utile : il permet à nos souvenirs de s'installer durablement !

Comme l'explique le professeur John Wixted, président du département de psychologie de l'université de Californie, San Diego, "les souvenirs formés récemment, pas encore consolidés, paient un prix lorsqu'arrivent de nouveaux souvenirs : il est nécessaire de les oublier, au moins en partie, pour en acquérir d'autres". Les souvenirs s'affrontent donc pour se faire une place dans la mémoire, aux dépens des moins solides. Comment se fait cet oubli utile ? Difficile à dire chez l'homme, mais les animaux de laboratoire montrent que solidité effacement des souvenirs dépendent de molécules spécifiques : il s'agit donc d'un mécanisme précis et sélectif, et non d'une simple dégradation. Chez les rongeurs, les souvenirs se fassent si les connexions entre les neurones qui les encodent ne sont pas consolidées par certaines protéines. L'équipe du neurobiologiste israélien Yadin Dudai, à l'institut Weismann, a ainsi fait oublier à des rats une odeur connue en empêchant l'action de l'enzyme PKMZêta dans une zone cérébrale. Plus fort : des chercheurs du département de neurosciences du laboratoire Cold Spring Harbour (New York) ont découvert que la quantité de protéine Rac dans le cerveau de la drosophile contrôle de vitesse à laquelle la mouche oublie une association apprise entre une odeur est un réflexe de fuite. Or cette protéine est aussi présente dans le cerveau humain... Les chercheurs y voient un mécanisme de pilotage de l'oubli, potentiellement universel et nécessaire à notre mémoire.

F.I. - SCIENCE & VIE > Août > 2010

 C'est en Produisant des Neurones que le Cerveau Consolide notre Mémoire

On savait que de nouveaux neurones naissaient chez les adultes primates et rats, en particulier dans l'hippocampe, région cérébrale dédiée à la mémoire. Ce phénomène est aujourd'hui confirmé chez l'homme et son lien avec la mémoire établi.

Une équipe de neurobiologistes de l'hôpital universitaire d'Erlangen, en Allemagne, a pu étudier 23 patients souffrant d'épilepsie grave, dont 11 avaient une mémoire normale, et 12 une mémoire très dégradée. Après que ces patients ont subi un traitement, en l'occurrence l'ablation de certaines parties du cerveau, les chercheurs ont pu prélever des cellules dites "précurseurs" de leur hippocampe, et les cultiver in vitro. Ils ont alors observé que seules les cellules des patients à la mémoire intacte avaient proliféré et s'étaient transformées massivement en nouveaux neurones, signant le lien direct entre mémoire et la création de neurones.

F.L. - SCIENCE & VIE > Novembre > 2010

 La Mémoire révèle son Processus de Stabillisation

Les rouages moléculaires de la mémoire se dévoilent peu à peu, grâce à Naoki Matsuo et son équipe de l'Institut de recherche Scripps (Californie).

Les biologistes ont en effet réussi à suivre, chez des souris, le devenir de protéines synthétisées par les neurones après un apprentissage, appelées "récepteurs AMPA". Pour pister ces récepteurs, les biologistes ont modifié génétiquement des souris afin qu'elles les expriment en même temps qu'une protéine fluorescente. Ces souris ont alors été soumises à un apprentissage de peur conditionnée, qui consiste à leur faire associer un son avec un petit choc électrique.

Vingt-quatre heures après, elles ont été sacrifiées, et leur hippocampe, une région cérébrale impliquée dans la mémoire, a été examiné au microscope. Résultat : les récepteurs AMPA avaient migré jusqu'à des connexions neuronales spécifiques, dites épines dendritiques "champignon" à cause de leur forme caractéristique. C'est donc là que se déroulerait un processus clef de stabilisation de la mémoire.

M.-C.M. - SCIENCE & VIE > Avril > 2008
 

   
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