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Impossible d'imaginer des microprocesseurs qui se déplaceraient sur la carte mère d'un ordinateur pour le faire fonctionner. C'est pourtant bien à ce genre d'analogie qu'ont dû se résoudre les neurobiologistes, quand, il y a quelques années, ils ont observé pour la première fois des neurones se déplacer dans le cerveau d'un mammifère. Aujourd'hui, leur surprise va croissant. Près de 5 centimètres : telle est la distance que les neurones parcourraient dans le cerveau d'un humain adulte ! Point de départ ? Une zone profonde du cerveau, située sous le cortex (la matière grise), en bordure des ventricules cérébraux. Arrivée ? Le bulbe olfactif, situé lui aussi en profondeur, dans la partie avant du cerveau. Fréquence du voyage ? Quotidienne. But du périple ? Là, les chercheurs qui décrivent cet incroyable parcours ne peuvent que spéculer. Car l'existence même de cette migration de neurones dans le cerveau adulte d'un homme n'est pas encore confirmée. Mais les indices sont là... et l'observation du phénomène bien établie chez de nombreuses espèces animales, des invertébrés aux primates.
Jusqu'à la fin des années 1990, on pensait qu'une diminution progressive de neurones expliquait les troubles de la mémoire qui surviennent avec la vieillesse. Or, on s'est aujourd'hui que cette perte, qui se produit entre 20 et 90 ans, ne dépasse pas 10 ou 20 % ! Une quantité négligeable selon les chercheurs, qui estiment que les capacités cérébrales dépendent surtout de la qualité des connexions entre les neurones, nom de la quantité de ceux-ci. Les troubles neurologiques liés au vieillissement sont donc le fait d'une diminution de la qualité du réseau de neurones. D'ailleurs, des stimulations cérébrales (comme l'exercice de mémoire) permettent d'entretenir ces connexions et conduisent même parfois à ce que l'on n'a longtemps cru impossible : la naissance de nouveaux neurones ! Les réactions chimiques produites par ces stimulations accroissent en effet la prolifération des cellules génitrices de neurones et la survie des jeunes neurones.
La régénération des neurones du cerveau ne serait peut-être pas une si bonne chose. Un neurologue de Yale suggère, en effet, que la perte de cette propriété, dans l'histoire de l'évolution, pourrait constituer un avantage. C'est une certitude, les neurones sont capables de se régénérér dans certaines parties du cerveau comme l'hippocampe. Mais les avis divergent sur le fait que les cellules nerveuses du néo-cortex des primates possèdent cette propriété. Elizabeth Gould, de l'université de Princeton, dit avoir observé, ce phénomène chez le macaque mais d'autres neurologues, comme Pasko Rakic, pensent qu'il pourrait s'agir d'un artefact. Ce biologiste de l'université Yale (Connecticut), qui a étudié la repousse neuronale chez diverses espèces animales, a constaté qu'elle est d'autant moins importante que le degré de complexité de l'espèce observée est élevé : les neurones du poisson se régénèrent davantage que ceux des rongeurs qui sont eux-mêmes plus actifs sur ce terrain que les nôtres.
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