L'Univers : les Portes du Ciel |

La nuit, nous aimons contempler le ciel étoilé. Pour nos ancêtres, c'était bien plus qu'un spectacle : leur vie en dépendait. "Ils ont dû apprendre à décrypter le ciel pour avancer et assurer la survie de leur culture". La voûte céleste a inspiré à l'homme quelques-unes de ses plus grandes découvertes et créations. "Ils ont bâti nos plus grands monuments. Des édifices comme Stonehenge ou les pyramides qui sont alignées sur les étoiles". Ces chefs-d'œuvre sont d'une telle perfection que certains y voient une intervention divine. Depuis des millénaires, nous faisons des découvertes scientifiques. Mais ce sont ces toutes premières observations du ciel qui ont ouvert la voie vers la civilisation moderne.
Comment ces hommes de la Préhistoire et de l'Antiquité ont-ils pu planter les germes de la civilisation en regardant le ciel ? Et pour commencer, comment les anciens ont-ils appris à mesurer le temps et à concevoir les premiers calendriers ? Comment cette gestion du temps a-t-elle influencé l'évolution des sociétés ? Ils ont attribué aux cieux une dimension religieuse et utilisé les étoiles pour explorer de nouveaux mondes. De nos jours, les scientifiques continuent d'utiliser certaines de leurs techniques de navigation pour explorer l'espace. Qu'en est-il de ses mystères de l'Antiquité ? Comme cette histoire d'astronomes extraterrestres venus sur notre planète ! Mais avant tout, comment nos ancêtres ont-ils décrypté le ciel ?
Aujourd'hui, quand on veut savoir l'heure, on regarde sa montre. La date, on prend un calendrier... On sait que l'automne est là car c'est la rentrée scolaire. Plus besoin d'aller chercher dans les étoiles. "C'est drôle mais aujourd'hui, l'astronomie ne nous sert plus beaucoup dans notre vie quotidienne. On a plus besoin de connaître le nombre exact de jours sur un calendrier, on l'a déjà intégré. Et on l'a intégré parce que les Mayas l'ont intégré, les Égyptiens, les Grecs, les Romains l'ont intégré. Notre vie quotidienne repose donc sur l'apport de ses anciennes civilisations", Phil Plait, astronome. Heureusement que nos ancêtres ont étudié les cieux.
Aujourd'hui, certains ne lèvent même plus le nez en l'air. Les quelques heures qui ont suivi le séisme de Northridge en 1994, en sont l'exemple édifiant. "Le séisme a plongé Los Angeles dans le noir. Une obscurité totale comme on n'en avait jamais vu en Californie du Sud. On a reçu des appels de gens demandant : mais qu'est-ce que c'est que ce ciel étrange ?", E.C. Krupp, directeur Observatoire Griffith (->). Les gens appelaient l'observatoire de Griffith pour dire qu'ils voyaient des lumières étranges dans le ciel, par milliers. "On ne voyait pas du tout à quoi ils faisaient allusion. Mais, au bout de plusieurs appels, on a réalisé que ce qu'ils voyaient, c'était les étoiles dans le ciel". Ces lumières n'évoquent peut-être plus grand-chose pour nous. Mais elles ont un lien direct avec le fait que nous sommes là aujourd'hui.
La civilisation a démarré lorsque les hommes de la Préhistoire ont levé les yeux vers le ciel et découvert le concept du temps. "On imagine mal quelqu'un suivre le fil du temps sans prendre le ciel comme référence. On peut voir le changement de saison grâce à l'apparition et la disparition d'étoiles, à la trajectoire du Soleil à l'horizon, à sa position au zénith... Ces phénomènes devaient être tellement frappants, il y a des dizaines, si ce n'est des centaines de milliers d'années, que l'homme a pris l'habitude de les suivre pour se repérer dans le temps", E.C. Krupp. Il y avait bien des cycles à étudier, celui du Soleil bien sûr, du lever au coucher, mais plus important encore, celui de la Lune. "L'avantage avec la Lune, c'est qu'elle change tous les jours. Elle change de position et d'apparence, elle brille, elle est assez grande, on ne peut pas la manquer". Le fait qu'elle change de forme nuit après nuit est évident. Parfois ce n'est qu'un trait fin comme une lame de rasoir. Parfois c'est un disque plein et lumineux. Nous savons tous que la Lune change, mais pourquoi ?

"Pourquoi la Lune passe-t-elle par des phases différentes tous les mois ? C'est lié à sa position en orbite autour de la Terre, elle-même illuminée par le Soleil. Le Soleil éclaire l'arrière de la Lune, et la face visible de la Terre est dans l'ombre. On appelle cette phase la nouvelle lune. La Lune continue son cercle autour de la Terre et commence à recevoir un éclairage latéral. Ce mince arc lumineux correspond au premier croissant. La Lune continue sa course et on peut commencer à avoir une moitié de son hémisphère éclairée : c'est le premier quartier. La Lune avance encore sur son orbite et on peut enfin voir tout son hémisphère éclairée : c'est ce qu'on appelle la pleine lune", Geoff Marcy, astronome, université Berkeley.
Aujourd'hui, les calendriers nous indiquent les changements de mois, et le mot "mois" est un dérivé du grec "masa" qui veut dire Lune. "La Lune accomplit son cycle complet sur environ 27 jours. En regardant bien, c'est proche de 28 à savoir 7 × 4. Donc, le cycle lunaire engendre ce qu'on appelle un mois, quatre semaines de sept jours. C'est un schéma répétitif évident lorsqu'on observe le ciel", Robert Hurt, astronome institut polytechnique de Californie. "Vous avez quelque chose qui vous permet de compter les jours l'un après l'autre, et de les réunir par groupe. C'est la base essentielle de la mesure du temps", E.C. Krupp. Une fois ces groupes de temps établis, nos ancêtres commencent à remarquer des schémas, des événements majeurs qui se reproduisent à certaines périodes du cycle lunaire. "Les hommes ont une obsession. Ils cherchent des schémas partout. Une chose se produit et puis une autre après et on dit : s'il y a ça maintenant, il y aura ça après", Phil Plait. Avec le cycle de la Lune, nos ancêtres repèrent un premier schéma répétitif : le mois.
Ils observent ensuite les changements dans l'alignement des étoiles et font le parallèle avec le changement saisonnier. "Réaliser qu'un certain groupe d'étoiles apparaît à une certaine période de l'année, disons juste avant l'arrivée de la chaleur, de la nourriture en abondance, et qu'un autre groupe d'étoiles annonce l'arrivée de l'hiver où on meurt de faim", David Helfand, université Quest, Canada. "Certaines constellations apparaissent comme Orion par exemple, et là vous dites, l'hiver arrive... Et les saisons peuvent être reliées aux étoiles", Phil Plait. Nos ancêtres s'amusent alors à relier les points des étoiles entre eux et dessinent nos constellations.
"L'homme veut toujours imposer un ordre au chose... Les anciens ont peuplé le ciel de tout ce qui comptait pour : le bétail, les animaux. On a tous la même tendance, faire régner l'ordre sur le chaos", Thomas Hockey, archéo-astronome.
Les anciens observent les mouvements de ces constellations et font le lien avec les saisons. Mais pourquoi la configuration des étoiles change-t-elle au fil des saisons ? La Terre est en orbite autour du Soleil. Le tour complet dure un an, un peu plus de 365 jours. La configuration des étoiles et les saisons sont intimement liées à son inclinaison. Notre planète tourne sur elle-même selon un axe Nord-Sud d'une inclinaison proche de 24°. Pendant l'été, cet axe est incliné vers le Soleil. La lumière augmente, les températures aussi et l'inclinaison change notre vision du ciel. La Terre continue d'avancer sur son orbite, l'axe bascule s'éloigne du Soleil, et c'est l'hiver avec une autre vue sur le ciel. Ce cycle s'accomplit avec un mécanisme d'horloge, ce qui le rendait très précieux pour nos ancêtres. Si on comprend le concept des saisons en observant la configuration des étoiles, on vit en relation étroite avec son environnement et on peut planifier la chasse, les récoltes et tout ce qui est nécessaire à la survie", David Helfand. Enfin capable de prévoir les changements de l'environnement, nos ancêtres peuvent s'adapter et prospérer. C'est une étape fondamentale dans la vie d'un groupe d'individus. De victimes soumises aux caprices du temps, ils deviennent des bâtisseurs de civilisation en tirant parti de ces mêmes changements", Robert Hurt. Cette nouvelle maîtrise de leur environnement permet à nos ancêtres de construire certains des plus étonnants monuments de notre histoire.
Aujourd'hui, impossible d'échapper au temps. L'heure est partout, sur votre ordinateur, votre mobile, le tableau de bord de votre voiture. Pour nos ancêtres, la notion de temps était une question de survie. "Ces cycles répétitifs dans le ciel étaient très importants. Ça voulait dire qu'on pouvait approfondir notre compréhension du monde autour de nous", Michelle Thaller, centre spatial Goddard, NASA. C'est un bond en avant pour l'humanité. Prévoir les saisons grâce aux étoiles, permet à l'homme d'abandonner sa vie nomade de chasseurs-cueilleurs, pour se poser. "Prenez deux tribus : l'une d'elle remarque que quand certaines étoiles apparaissent, on peut planter des graines car c'est l'annonce du printemps. L'autre tribu ne voit rien, elle ne s'intéresse pas aux étoiles et vies au petit bonheur la chance. Quelle tribu va le mieux s'en sortir ? Celle qui observe le ciel ! Elle peut mieux se nourrir, prospérer et approfondir sa connaissance des étoiles", Phil Plait. Les anciens célèbrent leur réussite en construisant des gigantesques édifices voués à l'observation du ciel.
Stonehenge (cimetière) fait parti des plus célèbres de ces sites éparpillés dans le monde. "Quand on parle des sites de la Préhistoire et de l'Antiquité ayant un possible rapport avec l'astronomie, difficile de ne pas évoquer Stonehenge (l'Énigme des Pierres)". Le monument se dresse dans la plaine de Salisbury dans le sud de l'Angleterre. Ces cercles de pierres ont été érigés il y a près de 4500 ans, sans doute en partie pour observer les solstices. "L'alignement astronomique le plus frappant est celui du solstice d'été sur la Heel stone de Stonehenge", E.C. Krupp.
Les solstices se produisent tous les six mois lorsque l'alignement de la Terre par rapport au Soleil atteint une position extrême. "Comme notre axe est incliné et qu'on tourne autour du Soleil, il arrive que certaines parties de la Terre soient très exposées au Soleil avec une lumière beaucoup plus direct : le solstice d'été a lieu quand le pôle Nord atteint son inclinaison maximum vers le Soleil et qu'on reçoit le maximum de lumière. Au solstice d'hiver, l'inverse se vérifie", Michelle Thaller. Les solstices sont les jours les plus longs et les plus cours de l'année, et marquent un moment saisonnier important en été comme en hiver. "Ça devient un point de référence. Vous pouvez savoir ce que vous laissez et ce qui vous attend", E.C. Krupp. Certains scientifiques pensent que Stonehenge 
servait d'observatoires anciens. À l'approche des solstices, les blocs de pierre canalisent la lumière pour qu'elles viennent frapper le centre de l'édifice. Au solstice d'hiver, le Soleil passe entre deux immenses pierres levées et vient frapper l'Altar Stone, où pierre d'autel. Au solstice d'été, il passe du côté opposé par la Heel Stone. Grâce aux solstices, les hommes ont non seulement appris à se repérer dans les saisons, mais aussi à se repérer dans l'année. "La date des solstices ne change jamais car la Terre accomplit un cercle bien fermé autour du Soleil. Elle revient toujours à la même place et le solstice d'été a donc toujours lieu le même jour, nos ancêtres ont pu s'en apercevoir", Michelle Thaller. Et en effet, ils ont été nombreux à s'en rendre compte. Un peu partout dans le monde, des peuples ont édifié des ouvrages gigantesques en relation avec les solstices.

Un site comme Chaco Canyon en est le parfait exemple. La cité de pierres a été construite dans le sud-ouest des États-Unis, il y a plus de 1000 ans par un peuple mystérieux : les Anasazis. "Chaco Canyon a été le berceau d'une civilisation très avancée capable de réaliser une architecture monumentale. Capable aussi de reproduire les modèles de symétrie qu'elle voyait dans l'univers. Et voici la Casa Rinconada (à d.) !", Bryan Penprase, astronome, université de Pomona. Selon le chercheur, la géométrie parfaite de ces monuments prouve que ce peuple vivait en relation étroite avec le ciel. "On a presque une symétrie parfaite. Les deux entrées définissent un axe au centre, une ligne pratiquement Nord-Sud. Et on a un alignement supplémentaire sur cette ouverture là-bas, au solstice d'été, le Soleil se lève et vient illuminer une de ces niches en passant par cette fenêtre".

Pour l'homme moderne, le Soleil est une chose acquise. Mais apparemment, c'était loin d'être le cas pour nos ancêtres. Pour eux, ces grands cycles célestes ne pouvaient être que l'œuvre d'une puissance divine. "Toute cette immensité, cette beauté, cette précision d'horloge de l'Univers, ne pouvait être que d'ordre surnaturel, spirituel. Je pense que les grands dieux ont quelque chose à voir avec la taille et tous ces grands mouvements de l'univers", Geoff Marcy. Les civilisations et les cultures du monde entier ont interprété le ciel de la même manière à travers des mythologies similaires. Les Incas, les Mayas, les babyloniens et tant d'autres, tous ont vu dans les cieux un domaine peuplé de dieu régnant sur la Terre. "Ils vénéraient tous la voûte céleste et les étoiles. Ils ont édifié des gigantesques monuments, ses peuples s'inclinaient devant l'immensité du cosmos et ses prouesses d'architecture étaient une façon de rendre hommage au ciel et à ses habitants".

La grande pyramide d'Égypte en est l'illustration la plus frappante. "On trouve des détails architecturaux intéressants dans les pyramides, et en particulier dans la grande pyramide, la plus grande et sans doute la plus aboutie", E.C. Krupp. 4500 ans plus tard, la grande pyramide reste l'un des plus grands monuments jamais construits sur Terre. Du haut de ses 137 m, le tombeau du pharaon Kheops est la seule des sept merveilles du monde de l'Antiquité à être encore debout. "On prête à la grande pyramide, des fonctions astronomiques à cause des monuments architecturaux qu'on ne retrouve pas dans les autres pyramides", E.C. Krupp.
Les maîtres d'œuvre de l'Antiquité ont réussi le tour de force d'assemblée ces 2 300 000 blocs de pierre d'environ 2 t chacun, le tout avec une précision exceptionnelle. Ils ont bâti cette énorme structure de manière que chaque face soit orientée vers un point cardinal. Mais ce qui fascine le plus les chercheurs, est à l'intérieur. "Il y a deux conduits de ventilation de chaque côté de la grande pyramide : un au nord et l'autre au sud. Ces deux conduits pointent vers une destination céleste". Ou du moins, pointaient... Aujourd'hui, ces deux conduits ne s'alignent plus sur une étoile, mais il y a près de 5000 ans, c'était le cas. "Les conduits s'alignent sur les positions où devaient se trouver l'étoile du Nord et l'étoile centrale de la ceinture d'Orion. Il y a très très longtemps", Giorgio Tsoukalos, fondateur revue Legendary Times. On pense que le conduit Nord s'alignait sur une étoile qui devait être l'étoile du Nord, il y a des milliers d'années. Et le conduit sud, sur une étoile de la constellation d'Orion. Ce n'est plus le cas aujourd'hui car la Terre poursuit un cycle, et l'inclinaison de son axe change. 
"Il n'y avait pas d'étoile du Nord, car la récession de l'axe de rotation terrestre s'effectue selon un cycle d'environ 23 000 ans. On pense qu'ils ont utilisé une étoile de la Grande Ourse et une étoile de la Petite ourse. Si vous tracez une droite entre elles, vous avez un repère autour duquel toutes les étoiles tournent. C'est là-dessus qu'ils ont aligné la pyramide", David Helfand. Ce point correspondait à l'Alpha Draconis : une étoile que les Égyptiens associaient à la renaissance et qui indiquait le pôle Nord, il y a 4500 ans. Si le conduit Nord s'alignait sur elle, alors le conduit sud s'alignait sur l'étoile de la ceinture d'Orion, associé à Osiris, le dieu de la résurrection. Et si on applique ce que nous savons de la précession de 23 000 ans, on peut remonter le temps et connaître la date exacte de la construction de la grande pyramide. "On peut utiliser nos calculs astronomiques modernes pour savoir à quel moment ces deux étoiles étaient alignées avec le pôle Nord. Les résultats montrent que les pyramides ont dû être construites environ 2467 ans avant Jésus-Christ", David Helfand.
"C'est assez amusant de voir l'importance que les hommes ont donnée aux étoiles. Après tout, ce sont de petites lumières dans le ciel. D'accord, elles bougent, il y a des cycles. Mais on a bâti d'énormes monuments comme Stonehenge où les pyramides en s'alignant sur elles. Ces petites lueurs lointaines ont donc pris une importance cosmique", Michelle Thaller. Que ce soit Stonehenge où la grande pyramide, ces deux monuments témoignent de l'importance que nos ancêtres accordés aux cieux. Certains vont même jusqu'à penser que ces édifices sont trop grand, trop complexe pour avoir été conçu par des peuples aussi ancien. Aurait-il bénéficié d'une aide venue du ciel ?
Une fois nos ancêtres sédentarisés, leur fascination pour le ciel n'a fait que s'intensifier. Ils ont édifié d'imposantes structures pour pouvoir affiner leurs observations. Mais pourquoi ? Pourquoi ces hommes se sont-ils lancés dans des travaux d'une telle envergure pour observer le ciel, alors que rien ne les y obligeait. J'ai du mal à comprendre pourquoi on irait construire un monument géant en pierre. C'est la technique la plus dure et je ne vois pas pourquoi on irait, au nom de l'astronomie, financer des chantiers plus grands que nécessaire", E.C. Krupp. Toutes sortes de mystère entourent ses ouvrages. Pourquoi, mais aussi comment ont-ils été construit ? Selon certains, les hommes n'auraient pas fait qu'observer le ciel : ils auraient bénéficié par ailleurs du savoir d'extraterrestres. Une idée au cœur de la théorie des anciens astronautes. La théorie des anciens astronautes tente d'établir si ou non, des extraterrestres sont venus sur Terre dans un passé lointain", Giorgio Tsoukalos.

Pourquoi envisager, ne serait-ce qu'un instant, des extraterrestres rendant visite à nos ancêtres de la Préhistoire ? Tout simplement parce que de nombreux textes anciens, issus de culture du monde entier, font allusion à des êtres mystérieux voyageant dans le ciel dans des chariots de feu, pour venir offrir leur savoir aux hommes. "Dans le Mahabharata, l'épopée sanskrite hindoue qui est l'équivalent de la Bible en Inde, on trouve une multitude de Dieu qui, il y a fort longtemps, volaient dans de fabuleux engin doré : les Vimanas. Il y est spécifié que ces machines sont faites de métal. Il y a des descriptions d'armes. Les Vimanas sont capables de se rendre invisible... Tous les éléments classiques de la science-fiction. Mais était-ce vraiment de la science-fiction ? C'est la grande question", Giorgio Tsoukalos. Les mythologies d'Amérique du Sud, d'Asie, d'Égypte, évoquent toutes des êtres venus sur terre à bord d'œufs cosmiques. "Ses œufs cosmiques apparaissent dans quasiment tous les récits inventés par les cultures du monde entier. Ils commencent tous de la même manière : un jour, les cieux s'ouvrent. Un œuf cosmique argenté en sort et descend du ciel. Les dieux sortent de l'œuf cosmique et enseignent aux hommes différents savoirs", Giorgio Tsoukalos.

Les récits d'extraterrestres ne sont pas toujours issus de textes historiques. Une des légendes les plus étranges, nous vient d'une tribu d'Afrique de l'Ouest, qui adore une étoile à plus de huit années-lumière de la Terre. "Le peuple Dogon du Mali, à une mythologie particulièrement riche, centrée sur l'étoile Sirius. Sirius est l'étoile la plus brillante, donc cela se comprend. Mais cela n'est pas tout. Selon les Dogons, Sirius aurait un compagnon de l'ombre", Michelle Thaller. Cette croyance des Dogons remonte à plus de 1000 ans. Ils vont même jusqu'à dire que des habitants de cette lointaines étoiles sont venus les voir. "Les Dogons ont tout un mythe sur les extraterrestres. Ce sont des créatures vivant dans l'eau qui seraient venues leur apporter le savoir, et elles viendraient de cette étoile noire", Michelle Thaller. Tous les 50 ans, les Dogons célèbrent le moment où l'étoile apparaît derrière Sirius. Et le plus étonnant, c'est que c'est étoile existe... En 1862, des astronomes confirment son existence. Mais il est impossible que les Dogons aient pu voir cette étoile de la Terre. "Nous savons que Sirius, l'Alpha du Grand chien, à un minuscule compagnon stellaire. Mais ce n'est pas quelque chose que l'on peut voir à l'œil nu. Admettant que cette balle représente le compagnon de Sirius et que ce projecteur soit Sirius elle-même : on voit bien que le compagnon disparaît dans la lumière de Sirius. On voit donc mal comment les Dogons auraient-ils pu découvrir cette étoile dans le passé", Geoff Marcy. Alors comment expliquer leur connaissance de cette étoile invisible ? Une simple coïncidence ? Rien ne permet de l'affirmer. Pour les défenseurs de la théorie extraterrestre, les Dogons ne sont pas le seul argument...
Certains monuments anciens seraient la preuve d'une influence venue d'ailleurs. "Si on observe Stonehenge à vol d'oiseaux, on voit bien tous ces cercles concentriques. Un mathématicien a découvert que chaque cercle correspondait à une de nos planètes. On a donc ici, une représentation de notre système solaire", Giorgio Tsoukalos. Stonehenge a été construit avec des blocs de pierre dont certains pèsent près de 50 t. Les blocs ont été érigés debout, avec parfois une dalle qui les recouvre. Aujourd'hui, nous serions bien en peine de construire un tel monument. Qui plus est, des scientifiques ont découvert que ces pierres venaient d'une carrière située à des centaines de kilomètres de là. Comment sont-elles parvenues jusqu'ici ? "Les légendes autour de Stonehenge, évoquent toujours des êtres venus du ciel pour apprendre aux gens comment transporter les pierres. Il y a même une légende particulièrement mystérieuse, qui raconte que ces pierres lévitaient. Est-ce que j'y crois ? Je ne sais pas, c'est une histoire mais ça vaut le coup de s'y attarder", Giorgio Tsoukalos.

Revenons à la grande pyramide de Gizeh. Des études très controversées voient dans sa construction une curieuse géométrie. Leurs arguments se développent comme suit :
- les quatre murs font 36 524 pouces au sol. Mettez une décimale entre le 5 et le 2, et vous obtenez la durée exacte d'une année solaire, 365,24 jours.
- Divisez la circonférence de la pyramide par deux fois sa hauteur et vous obtenez la plus grande constante mathématique : Py à six décimales près. Py est le rapport entre la circonférence d'un cercle et son diamètre. Un nombre qui nous a aidé à résoudre plus d'un mystère : le principe d'incertitude d'Heisenberg, la relativité d'Einstein, les lois de Kepler sur les mouvements des planètes... La découverte de Py remonte officiellement à plus de 2000 ans après la construction de la pyramide. Comment les Égyptiens pourrait-il connaître Py ? Certains y voient la preuve d'une aide venue d'ailleurs.
"Bien sûr, les extraterrestres n'ont pas construit les pyramides. Ce sont nos ancêtres. Mais nos ancêtres ont construit les pyramides avec l'aide des gardiens du ciel. Autrement dit, les dieux", Giorgio Tsoukalos. Pour la plupart des scientifiques, il n'y a pas assez de preuves pour étayer la théorie de l'aide extraterrestre et nous devrions accorder plus de crédit à l'extraordinaire ingéniosité des hommes. Mais ce n'est pas l'avis de tous. "C'est idiot, mais pourquoi faudrait-il réduire ainsi notre perception de ces monuments ? Je dis non. Essayons de les voir sous un autre angle et peut-être, nous trouvons les réponses que nous cherchons tous", Giorgio Tsoukalos. Apparemment, ces réponses restent enveloppées de mystères. Les monuments de nos ancêtres et leur connaissance de l'astronomie, nous laisse à la fois perplexe et émerveillé. Même si la théorie d'une aide extraterrestre est très contestée, une chose est certaine. S'ils n'avaient pas étudié la voûte céleste, nos ancêtres n'auraient pas conquis le monde. En se plongeant dans les cieux, ils ont pu appréhender le concept du temps et semer les graines de la civilisation. Ils ont aussi trouvé des outils pour explorer la terre...
Pendant des millénaires, la voûte céleste à guider nos ancêtres. Les cycles de la Lune, du Soleil et des étoiles, leur ont permis de dominer un environnement impitoyable. "Ces cycles que l'on pouvait anticiper, ont joué un rôle important. Car avec une logique mathématique, on a pu faire des prévisions. À partir de là, nous avons exploré le reste du monde", Michelle Thaller. Nos ancêtres ont appris à jalonner le temps et à le mesurer. Ils ont ensuite trouvé des outils pour comprendre leur planète. "Les Grecs connaissaient la découverte que nous attribuons le Christophe Colomb, à savoir que la Terre est ronde. Les Grecs le savaient très bien, ils connaissaient même sa circonférence et son diamètre", Geoff Marcy. Il y a 2300 ans, un astronome Grec du nom d'Eratosthenes, va démontrer que la Terre est ronde avec un simple bout de bois. "Ce qu'Eratosthenes a fait à l'époque avec un bout de bois en guise de technologie, est tout à fait remarquable. Il a non seulement démontré clairement que la Terre était une sphère, mais il a aussi mesuré le diamètre de satisfaire avec une précision confondante. Comment a-t-il fait ? Je vais vous montrer à l'aide de mon pote jaune et de mon joujou. Voilà ce qu'il a fait. Il a planté un bâton dans le sol de Sienne, dans le sud de l'Égypte, là où se trouve le barrage d'Assouan aujourd'hui, et il a remarqué qu'au solstice d'été, le bâton n'avait pas d'ombre, le Soleil arrivant droit dessus. Et pourtant, il savait que le même jour dans sa maison d'Alexandrie, le bâton avait une ombre. Ce n'est pas le résultat escompté sur une surface plane. Tous les bâtons doivent avoir la même ombre. Mais sur une sphère, ça devient logique. Ensuite, il a mesuré la longueur de cette ombre, il a calculé l'angle du Soleil par rapport à la verticale, et il s'est rendu compte qu'il obtenait exactement le 50e d'un cercle. Comme il connaissait la distance entre Sienne et Alexandrie, il l'a multiplié par 50, et il a obtenu la circonférence de la Terre", David Helfand.
Eratosthenes calcule que la Terre fait 39 689 km de circonférence. Le chiffre admis aujourd'hui est de 40 074 km... "Il a calculé la circonférence de la Terre à quelques centaines de kilomètres près, et quelle trouvaille. Non seulement la Terre est ronde mais en plus elle est énorme", Geoff Marcy. A ce jour, cette révélation sur la Terre reste l'une des découvertes les plus importantes.
Pour nos ancêtres, le ciel n'était plus seulement un outil pour mesurer le temps, ils pouvaient aussi l'utiliser pour explorer le monde. "Les polynésiens savaient utiliser les étoiles pour naviguer sur des centaines, voire des milliers de kilomètres. Ils voyageaient en pirogue, ils évidaient des troncs d'arbres, les sculptaient pour faire des sortes de catamaran, et prenaient la mer pour Hawaï ou d'autres îles. Tout ça en se servant des étoiles", Phil Plait. Il y a près de 3000 ans, les polynésiens partaient de l'ïle actuelle de Taiwan pour une longue migration vers l'archipel d'Hawaï, via les atolls de la Nouvelle-Zélande. Un long voyage sur de simple pirogue à ciel ouvert, avec le Soleil et les étoiles pour guide. "C'est inouï ce que nos ancêtres ont accompli quand on voit les moyens dont ils disposaient. C'était un peuple très intelligent, déterminée et plein de ressources. Et la preuve de tout ça, c'est qu'au final ils ont trouvé toutes ces îles", Kelapa Baybayna, Institut du voyage polynésien.
Kelapa Baybayna participe à la mission de recherche de la Polynesian Voyaging Society. Une association de navigateurs hawaïens qui tentent de reproduire le voyage leurs ancêtres avec les mêmes techniques et le même type de bateau. "Le Soleil est à 20° au nord-est. Le Soleil se lève par là, ma main fait environ un angle de 20°. L'est n'est donc pas vraiment là où le Soleil se lève, mais au bout de mes doigts, par là. Si on a l'est par le travers alors on file vers le nord". Le lever du Soleil était la base de toutes les navigations polynésiennes. C'est en fonction de lui qu'ils déterminaient le cap à suivre. "C'est le meilleur outil de navigation. Quand le Soleil se lève, je passe en revue l'horizon et je peux voir la houle par là. Si vous comprenez d'où vient la houle et la relation avec l'endroit où le Soleil se lève, vous pouvez naviguer au pire moment de la journée quand le Soleil est au zénith". La nuit, ces anciens voyageurs utilisaient les étoiles pour se guider sur l'océan non balisé. Ils connaissaient certaines étoiles et constellations, et les cherchaient dans le ciel, tout comme le soleil. "Ça prouve bien que c'était de grands explorateurs. Ils pouvaient calculer et identifier des repères pour aller dans ces îles. Ils avaient une grande curiosité pour le monde dans lequel ils vivaient". Une ouverture d'esprit qui a permis à ce peuple de traverser le plus grand des océans, et cela à 300 ans avant le premier européen. De l'histoire ancienne peut-être, mais les techniques des polynésiens et de ceux qui les ont suivis servent encore aujourd'hui, à la différence près, qu'elles servent à explorer un tout autre monde.
Pour nos ancêtres, le ciel était un manuel de survie. Grâce à lui, ils ont voyagé sur terre, sur mer, parcouru le monde entier. Aujourd'hui, ce même ciel nous aide à explorer la surface d'autres planètes. "Les étoiles sont à la base de la navigation depuis que l'homme a levé le nez vers le ciel. Pour Apollo, on les a utilisés", Rusty Schweickart, ancien astronaute Apollo 9. Même avec des ordinateurs et des instruments de navigation sophistiqués, les astronautes ont parfois dû se référer aux étoiles pour arriver sur la Lune. "Je ne me souviens plus combien de fois on a pris des repères dans le ciel, mais c'est indéniable qu'on est dépendant des étoiles, dépendant de cet engin qui est orienté en fonction des étoiles". Le système de navigation électronique ne pouvait pas lire tous les minuscules changements en jeu. Et sur un tel voyage, les conséquences auraient pu être désastreuses. "Si vous tirez et que votre cible n'est qu'à 2 m de vous, vous avez des chances de mettre dans le mille. Mais si vous êtes dans l'espace avec une cible à 1000 m et un télescope, la moindre petite erreur peut absolument tout changer". Pour garder le cap, les astronautes ont utilisé le même instrument que les navigateurs utilisent depuis des siècles : un sextant.
"Le sextant sert à faire des mesures précises sur la hauteur angulaire des astres avec l'horizon. En prenant toute une série de mesures, la taille de certaines étoiles, leur position par rapport à l'horizon et en les comparant à des tables astronomiques, vous devez pouvoir trouver votre position en vous basant sur la configuration des étoiles", Robert Hurt. Les navigateurs utilisent le sextant depuis son invention au XVIIIe siècle. "Voilà comment ça marche, en tout cas pour Apollo. En gros, on dit à l'ordinateur, pointe le sextant sur telle étoile, il sait où se trouve l'étoile et pointe le sextant vers cette direction. Là, vous regardez dans la lunette, vous avez le centre du viseur et l'étoile est un peu plus loin au lieu d'être dans le centre du viseur. Donc vous amener le viseur sur l'étoile, vous bloquez et vous dites c'est là qu'elle est", Rusty Schweickart. Puis les astronautes d'Apollo ont consulté les étoiles en permanence pour corriger leur course. Sans sextant, ils auraient pu échouer. "Quiconque passe du temps avec les étoiles s'en fait des amies pour toujours. Vous savez que si vous levez les yeux elles seront là, vous pouvez compter sur elles".

Depuis que la mission Mars Exploration Rover s'est posée sur Mars en 2004, les rovers ou astromobiles, n'ont pas cessé d'arpenter la surface de la planète rouge. Les scientifiques se servent du Soleil pour commander à distance ses robots. "On ne veut pas tomber dans un cratère, où aller percuter des rochers. On doit savoir dans quelle direction aller. Alors on a intérêt à connaître la position du Soleil", Justin Maki, laboratoire de propulsion à réaction. Comme les polynésiens il y a des milliers d'années, ces scientifiques prennent des repères sur le Soleil et s'en servent pour téléguider les rovers explorateurs. Ils utilisent encore le Soleil pour le renvoi de données vers la Terre. "Le Rover doit savoir où regarder dans le ciel pour trouver la Terre, et pour ça, il cherche le Soleil".
Les étoiles ont toujours été là pour guider l'homme dans sa trajectoire, du chasseurs-cueilleurs aux explorateurs de l'espace. Elles nous ont aidé à construire le monde que nous connaissons aujourd'hui. "Nous continuons de poser toujours la même question, de façon sans doute un peu plus sophistiquée. Mais nous essayons de comprendre notre place spirituelle et scientifique dans l'univers. L'astronomie suscite des questions, et ces questions suscitent un besoin de faire des descriptions de plus en plus précises de la nature. Ces descriptions sont des outils pour notre survie", E.C. Krupp. Sans la voûte céleste pour nous guider, nous aurions été perdus dans l'Univers. Nous ne serions pas passés de la Préhistoire à des civilisations. Nous n'aurions jamais pu nous poser toutes ces questions sur notre planète et sur notre place dans le monde. L'astronomie n'est pas un luxe, c'est une nécessité et nous l'utilisons toujours de façon différente, mais avec la même détermination et la même passion que nos ancêtres". Où vont nous mener les étoiles maintenant ? Il reste encore tant de questions sans réponse. Encore une fois, les cieux pourraient peut-être bien nous aider...
Justin Maki, laboratoire de propulsion à réaction.
Rusty Schweickart, ancien astronaute Apollo 9.
Giorgio Tsoukalos, fondateur revue Legendary Times.
Bryan Penprase, astronome, université de Pomona.
Thomas Hockey, archéo-astronome.
Geoff Marcy, astronome, université Berkeley.
E.C. Krupp, directeur Observatoire Griffith
Michelle Thaller, centre spatial Goddard, NASA.
Phil Plait, astronome.
Peter Rhines, océanographe, université de Washington.
Steve Jacobs, directeur de recherche Laboratoires Faraday.
Oded Aharonson, planétologue, institut polytechnique de Californie.
David Helfand, université Quest, Canada.
Mike Brown, astronome, institut polytechnique de Californie.
Robert Hurt, astronome institut polytechnique de Californie.
John Cornett, observatoire solaire national américain.
Alexis Pevtsov, observatoire solaire national américain.
Ken Tegnell, météorologue, NOAA.
L'Univers : Les Portes du Ciel - FRANCE 5 > Avril > 2011 |
|