Environnement : Les Leçons d'un Échec

Les Leçons d'un Échec

Changement climatique oblige, il faut se préparer à vivre dans un monde différent de celui que nous avons : connu jusqu'ici.

Début mai, la concentration de C02 a atteint 400 ppm (1 ppm ou partie par million = l g/t) dans l'atmosphère. Or ce seuil est celui que les experts st lss militants ont désigné comme la limite a ne pas dépasser pour éviter les plus graves conséquences du réchauffement climatique.
Les leaders écologistes du monde entier se sont désolés de ce triste record. Et, pour ne citer que lui, mon ami Al Gore a écrit que "nous récoltons les fruits de notre négligence". Non sans amertume, il faut donc reconnaître que nous avons perdu le combat contre le réchauffement climatique. Et ce "nous" englobe tous les acteurs de notre société. Nous avons échoué à Copenhague, en 2009, quand les chefs d'État n'ont pas choisi un accord contraignant. Puis nous avons persisté dans l'erreur, quand entreprises, collectivités et particuliers, à leur tour, n'ont pas adopté les mesures nécessaires, bien que certains aient pris des engagements méritoires. Même le protocole de Kyoto, arraché de haute lutte en 1997, et chaque jour davantage fragilisé par les renoncements, a manqué son objectif. Il devait conduire, entre 2008 et 2012, a une diminution de 5 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) par rapport à 1990. Or ces GES ont augmenté de 36 % en 20 ans. Un accroissement de la température de plus de 2° est désormais inévitable à court terme, et nous nous dirigeons très probablement vers un avenir encore plus chaud. La raison de cet échec ? George Monbiot, célèbre éditorialiste britannique (très à gauche), écrit : "Cette nouvelle échéance climatique reflète une profonde défaillance politique ; la démocratie a été discrètement supplantée par la ploutocratie". En résumé, c'est la faute des grands capitalistes. C'est en partie vrai. Mais je me refuse à opposer les méchants patrons aux gentils consommateurs ou citoyens. Chacun porte une partie de la responsabilité. Car personne, ou presque, n'est finalement prêt à changer de mode de vie, à consommer moins, à moins prendre l'avion, à moins manger de viande. Pourquoi cette indifférence, cette inaction ? Peut-être parce que les conséquences du réchauffement climatique semblent lointaines. Que représente ce fameux seuil de 400 ppm de CO2 pour les gens ? Et une augmentation d'un mètre du niveau de la mer dans un siècle ? Pas grand-chose, visiblement.

Trois conclusions sont à tirer de cet échec. La première est qu'il faudra sans doute trouver des objectifs plus concrets et plus faciles à saisir pour nos prochains combats. La deuxième est que devons nous préparer à vivre dans un monde différent de celui que nous avons connu. Le combat contre le réchauffement doit se poursuivre, bien sût. Mais il faut désormais anticiper les problèmes qui lui sont associés : changements dans la production agricole, catastrophes metéorologiques plus importantes, migrations accrues, etc. La troisième conclusion est que, face à ces crises à venir, il va falloir réapprendre à vivre ensemble : créer de nouvelles chaines de solidarité ou renforcer celles qui existent déja. Car, comme toujours, les problèmes climatiques touchent particulièrement les plus pauvres, les plus démunis, les plus vulnétables. Ils ne menacent pas notre espèce, mais notre société. Et précisément, il faut rappeler que l'écologie, ce n'est pas seulement protéger les animaux, les plantes ou les écosystèmes, mais aussi les êtres humains. C'est promouvoir un nouvel humanisme, une nouvelle manière de vivre ensemble. Là réside probablement l'enjeu des prochaines décennies.

O.B. - GÉO N°413 > Juillet > 2013
 

   
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