"On le soupçonnait depuis des années, mais on n'avait jamais pu le prouver", raconte Florent Calvo, chercheur à l'université de Lyon. Le mercure a livré son secret. À l'aide de nouveaux modèles et de simulations, le chercheur et ses collaborateurs viennent de comprendre pourquoi il est le seul métal liquide à température ambiante. C'est à cause de la relativité, la théorie mise au point par Einstein pour décrire les échelles cosmologiques, les énergies colossales et les plus grandes vitesses. "Nous avons fait tourner deux modèles, l'un intégrant les lois de la relativité, et l'autre non ; nous nous sommes alors aperçus, tout simplement, que sans effets relativistes, ça ne marche pas", relate Florent Calvo. Ainsi, les chimistes trouvaient dans cette simulation une température de fusion de 82°C au lieu des -39°C observés expérimentalement. Il n'y a donc plus de doute : soumis à l'attraction d'un noyau atomique particulièrement chargé, les électrons du mercure voient leur vitesse s'approcher de celle de la lumière. Ils tombent alors sous le joug des lois d'Einstein, qui les lient plus fortement à leur propre noyau, et affaiblissent leur liaison avec des atomes voisins. Ce qui nous offre le spectacle étrange d'un métal liquide.
Le mercure est l'un des éléments les plus toxiques pour la santé et l'environnement. 10 % des émissions de mercure sont d'origine naturelle. Après des années de négociations, 128 États ont adopté fin janvier le premier traité international visant à réduire les émissions de ce métal. Selon le dernier inventaire du Programme des Nations unies pour l'Environnement, les activités humaines ont libéré 2.000 tonnes de mercure dans l'atmosphère en 2010. C'est trois fois plus que les émissions naturelles, dues essentiellement aux éruptions volcaniques. Aujourd'hui, entre dix et quinze millions de personnes sont directement exposées à la pollution au mercure en Afrique, en Amérique du Sud et en Asie.
Le mercure est un élément chimique de symbole Hg et de numéro atomique 80. C'est un métal argenté brillant, le seul se présentant sous forme liquide dans les conditions normales de température et de pression, conditions dans lesquelles il se vaporise toutefois assez aisément. Son symbole Hg provient du latin, lui-même emprunté au grec, hydrargyrum qui signifie "argent liquide".
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