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Les Farines Animales

Des Farines d'Insectes pour les Animaux

C.D. - NATIONAL GEOGRAPHIC N°219 > Décembre > 2017

Leur Retour a bien de quoi Inquiéter

Cela n'aurait pas pu être annoncé à un plus mauvais moment.

En février dernier, alors que les preuves s'accumulaient sur des fraudes massives dans la distribution de la viande de cheval en Europe, alors que des millions de plats ont été préparés à base de cette viande estampillée "100 % pur bouf", que décidait la Commission européenne ? Rien de moins que de valider le principe d'un retour des farines animales dans l'élevage ! Avec une autorisation pour l'alimentation des poissons et autres animaux de l'aquaculture dès le 1er juin... et un peu plus tard - pas avant 2014 - pour les porcs et les volailles.
À coup sûr, plus d'un consommateur a dû s'étrangler en entendant la nouvelle. Car même si, désormais, l'acronyme "PAT", pour protéines animales transformées, a remplacé le terme "farines", tout le monde garde en mémoire que les mélanges de toutes sortes de carcasses servis comme alimentation aux animaux sont à l'origine du scandale de la "vache folle" : des dizaines de milliers de bovins furent, dans les années 1990, infectées par le prion pathogène responsable de l'encéphalopathie spongiforme bovine (ESB). Et personne n'a oublié que c'est à cause de ces farines que des centaines de consommateurs de viande de vaches malades ont développé ou développent encore la maladie de Creutzfeldt-Jakob. Et pourtant... Pour aussi déraisonnable qu'elle puisse paraitre de prime abord, la décision récente de la Commission est, explique-t-elle, "conforme aux avis scientifiques les plus récents, selon lesquels le risque de transmission d'encéphalopathie spongiforme bovine entre animaux non-ruminants est négligeable, pour autant qu'il n'y a pas de recyclage entre les espèces (cannibalisme)". Et c'est vrai, le risque est "négligeable", car c'est bien parce que des vaches ont mangé de la vache que la crise sanitaire est survenue. Avec la diminution de la température de chauffage des farines, le recours aux protéines animales chez des ruminants, et plus encore au cannibalisme facilitant la concentration des prions pathogènes dans les aliments et leur passage d'une bête à l'autre -, est à l'origine de la crise sanitaire passée.
Aujourd'hui, le cannibalisme au sein de mêmes espèces étant banni, les volailles ne seront pas nourries avec des farines de volailles, mais avec des farines de porc - et inversement. Or, consommer des protéines animales provenant d'autres espèces n'est pas anormal pour des animaux omnivores. Enfin, autre point rassurant, l'ESB est une maladie qui est entrée dans sa "phase finale" en Europe - elle est pratiquement éradiquée dans le cheptel bovin. Voilà pour le risque scientifiquement négligeable de transmission des maladies à prion...
Oui, mais à condition que toutes les mesures de précaution dans la fabrication et l'acheminement des farines soient bien respectées et contrôlées. Et là, difficile d'estimer ce risque comme négligeable. En réalité, la controverse sur le retour des farines animales ne repose donc pas sur des arguments scientifiques, mais sur des craintes bien légitimes de fraudes ou d'erreurs humaines. Le scandale des lasagnes à la viande de cheval, même s'il ne touche pas la filière de l'alimentation animale, en est la douloureuse preuve... Dès lors, ce n'est pas être injustement suspicieux que d'imaginer que des lots de farines animales mal étiquetés, par omission ou malveillance, puissent se retrouver dans de mauvaises mangeoires. Et ressusciter ainsi le prion et le scandale qu'il apporte avec lui...

C.T. - SCIENCE & VIE > Mai > 2013

Le Retour des Farines Animales

On les croyait enterrées, mais voilà qu'elles pourraient bien réapparaître.

Les farines animales traînent pourtant une sale réputation depuis qu'elles ont été tenues responsables de la "maladie de la vache folle" (encéphalopathie spongiforme bovine ou ESB), transmissible à l'homme sous la forme de la maladie de Creutzfeldb-Jakob (22 victimes françaises à ce jour). En France, elles sont strictement interdites dans l'alimentation de tous les animaux d'élevage depuis le 15 novembre 2000, mais certains stocks sont toujours entreposés dans des hangars (photo). à Bruxelles, on réfléchit donc à lever la prohibition, sous l'œil attentif des éleveurs. Lesquels savent plaider leur cause... et invoquer la flambée du prix des céréales. Des conditions au retour des farines animales sont toutefois requises. D'abord, seuls certains déchets d'abattage seront exploités : les morceaux de viande inutilisables, mais propres à la consommation humaine (farines de catégorie 3). Ensuite, ils ne nourriront que les espèces omnivores (porcs et poules) et non les herbivores (vaches et moutons). Enfin, tout cannibalisme sera évité : la farine de poule n'ira plus aux poules, ni celle de porc aux porcs. Encore faudra-t-il garantir que le tri est possible dans les centres d'équarrissage. Et convaincre l'opinion. Le 22 avril dernier, l'Union européenne a franchi une étape en autorisant l'usage de farines de poisson comme lait de remplacement pour les jeunes ruminants. En 2007, 200 bêtes ont encore été touchées en Europe par l'ESB. Qui a dit qu'on se faisait rouler dans la farine ?

CHOC N°108 > Juin > 2008
 

   
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