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Les plantes communiquent via des molécules chimiques, le font-elles aussi par le son ? Exposées à un son continu de 220 Hz (un "la" grave sur le piano), des racines de maïs s'orientent vers sa source. C'est ce qu'a constaté une biologiste australienne, qui pense aussi avoir détecté de petits cliquetis réguliers émis par les racines.
Les biologistes ont longtemps cru les plantes incapables de jouir d'un quelconque moyen de communication. Jusqu'à ce qu'ils découvrent, dans les années 1980, qu'elles sont capables d'avertir leurs congénères d'un danger imminent, comme le naturaliste américain David Rhoades l'a avancé, avec sa "théorie des arbres qui parlent". C'est par exemple le cas de l'érable. Lorsqu'il est attaqué par des herbivores, cet arbre dispose d'une stratégie de défense : il augmente progressivement sa production de tanins, rendant ses feuilles toxiques. Le problème est que cette réaction s'étale sur 75 heures. L'attaquant a donc du temps devant lui pour dévorer tout le feuillage. Cette espèce dispose alors d'une stratégie parallèle, basée sur la communication : elle libère de l'éthylène. Capté par les érables voisins, ce composé organique volatile agit comme un stimulus qui leur permet d'amorcer leur production de tanins avant même l'arrivée du ravageur, gagnant ainsi un temps précieux. Beaucoup d'autres plantes comme l'acacia, le peuplier, le tabac ou le chou, on recourt à ce type de communication basé sur des composés organiques volatiles divers. Les scientifiques ignorent cependant se tous les végétaux sont capables de communiquer entre eux, quels sont les mécanismes physiologiques de ses échanges, et soupçonnent déjà que les racines pourraient transmettre elles aussi des messages. L'affaire est donc à suivre, mais déjà, le monde végétal révèle un visage insoupçonné, presque doué de parole...
Une plante peut par son feuillage adsorber des substances chimiques semi-volatiles émises par une autre plante située à côté d'elle. Des chercheurs finlandais ont montré qu'un bouleau se protégeait ainsi de ses prédateurs, grâce à son voisin rhododendron qui synthétise des composés aux propriétés répulsives, éloignant les larves de papillons de nuit. Mais les bénéfices, évidents pour le bouleau, le sont bien moins pour le rhododendron...
Cette communication entre les végétaux est même très sophistiquée : messages d'alerte et de défense, incitations au mûrissement, stimuli sexuels... Des informations précises et complexes, que les plantes peuvent transmettre à leurs congénères, et à d'autres êtres vivants. DIALOGUE AVEC DES INSECTES Les plantes peuvent aussi dialoguer avec certains insectes prédateurs pour assurer leur défense. Un exemple ? La chenille Manduca sexta affectionne les feuilles de tabac, sur lesquelles elle dépose sa salive tandis qu'elle s'en nourrit. Salive qui agit comme un signal : la plante produit alors une hormone (l'acide jasmonique) qui, combinée à l'éthylène et libérée ainsi dans l'air, attire une guêpe de la famille des ichneumons. Laquelle reconnaît dans la chenille une proie de choix, fond sur elle, la paralyse et y pond un ouf : le tabac est sauvé. Le chou, le maïs, la tomate n'hésitent pas non plus à provoquer l'attaque des ennemis de leurs ennemis. La loi de la jungle n'exclut pas la solidarité, tout au contraire.
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