Le Don des Autistes Savants

D'où Vient le Don des Autistes Savants ?

Probablement de l'autisme lui-même car ces "savants" sont plus nombreux parmi les autistes (10 à 30 % selon les auteurs) que chez les personnes ayant d'autres problèmes mentaux.

Son talent est le dessin bien sûr (->), mais aussi une mémoire eidétique ou photographique. C'est en effet de mémoire que le Britannique Stéphen Wiltshire a réalisé ce panorama de New-York de 5,5 m de long après bien d'autres villes.

Qu'ils fassent preuve d'un talent phénoménal en dessin, musique, mathématiques ou d'une mémoire prodigieuse, ils atteignent des scores supérieurs à la moyenne dans au moins un aspect d'un test d'intelligence. Certains peuvent donner le jour de la semaine pour n'importe quelle date passée ou future (calcul calendaire), dessiner une ville sans omettre une maison comme Stephen Wiltshire ou, comme Derek Paravicini, aveugle et souffrant de sévères difficultés d'apprentissage, jouer de mémoire n'importe quel morceau au piano. Afin de comprendre ce qui prédispose les autistes à ces talents, Francesca Happé, de l'Institut de psychiatrie du King's College de Londres, a interrogé les parents de 9000 enfants de 8 ans, autistes ou non. Elle a ainsi découvert qu'un tel talent est deux fois plus fréquent chez les autistes ayant des "comportements et intérêts répétitifs et restrictifs". Ces enfants observent ou mémorisent une profusion de détails de l'environnement qui échappent aux autres, et Simon Baron-Cohen, spécialiste de l'autisme de renommée mondiale, suggère qu'une telle prédisposition proviendrait de leur hypersensibilité à l'information sensorielle. Cette hypersensibilité nourrirait une focalisation hors norme sur les détails, d'où le développement de capacités phénoménales. Ce que confirme Daniel Tammet, un autiste Asperger qui parle 12 langues, dont l'islandais appris en 10 jours, et peut réciter 22514 décimales de pi. Il explique sa mémoire phénoménale par un type hautement associatif de pensée, cette capacité que chacun de nous utilise pour faire des calembours et imaginer des métaphores ou des moyens mnémotechniques, mais surdéveloppée dans son cas.
À cette capacité, les autistes savants ajoutent une pratique frénétique de leur talent. Ce qui pourrait expliquer que leur cortex cérébral soit plus épais que celui d'un cerveau moyen dans les régions associées à la pratique de ce talent (et plus fin dans d'autres régions) et présente une hyperconnectivité dans certaines régions de la matière blanche. De la même façon, des études ont montré que les chauffeurs de taxi londoniens ayant mémorisé 25.000 rues ont un hippocampe plus développé que la moyenne, mais ce centre de la mémoire retrouve une taille normale lorsqu'ils prennent leur retraite. Les différences observées dans le cerveau des autistes savants pourraient donc être acquises à force d'entraînement. Des travaux d'imagerie montrent d'ailleurs qu'un savant calendaire utilise les mêmes régions de son cerveau que les non savants pour résoudre des exercices d'arithmétique et qu'il n'est pas plus performant s'il dispose de peu de temps pour apprendre un nouveau système calendaire. Nous pourrions donc tous avoir le même talent (du moins pour les activités les moins créatives), et ce qui différencie ces savants de la population générale est sans doute la motivation qui les pousse à s'entraîner comme si leur vie en dépendait. Reste à découvrir d'où vient cette motivation.

ÇA M'INTÉRESSE Hors Série > Février > 2010

Le Cerveau des Autistes s'avère Très Organisé

Les autistes développent des facultés exceptionnelles en utilisant leur cerveau différemment. Ils sollicitent ainsi plus que la population générale certaines zones.

"Quelle que soit la tâche à effectuer, ils suractivent les zones visuelles dédiées à des traitements visuels spécifiques", explique Laurent Mottron, de l'université de Montréal (Canada).
Il a analysé 26 études d'imagerie cérébrale menées depuis quinze ans. Les volontaires, autistes ou non, confrontés à des visages, des objets et des mots, devaient les détecter, les identifier ou les manipuler. Les autistes ont obtenu des performances presque identiques à celles des autres participants. Mais les activations dans le cerveau différaient : ils sollicitaient davantage les régions temporales et occipitales, expertes dans le traitement visuel, moins le cortex frontal, qui sous-tend la prise de décision, la planification et l'exécution. "Ils effectuent la tâche à un moindre coût en utilisant des zones perceptives qui ne sont pas dédiées aux tâches demandées", constate le chercheur qui préfère parler de "réorganisation" plutôt que de "désorganisation" cérébrale. "Leur cerveau s'est adapté en redistribuant des aires cérébrales à la perception visuelle, estime-t-il. Ce qui leur confère des capacités visuelles exceptionnelles, notamment en trois dimensions."

V.B. - SCIENCE & VIE > Juin > 2011
 

   
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