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Potentiellement très graves ! Et c'est justement pour cela que les résultats de l'étude publiée en novembre dernier menée auprès de 27.000 personnes par l'Institut national de prévention et d'éducation pour la santé (INPES) inquiètent les médecins : un Français sur trois se plaint de troubles du sommeil. La neuro-imagerie a montré que la privation de sommeil modifie durablement la structure et l'activité de zones importantes du cerveau (->). Pour 18 % d'entre eux (24 % des hommes et 16 % des femmes), le temps de sommeil moyen dure moins de 6 heures, alors que les médecins recommandent entre 7 et 9 heures de repos par nuit. Et on sous-estime généralement l'importance de ce manque de sommeil généralisé. On pourrait en effet croire que les nuits trop courtes provoquent simplement de la fatigue, un manque de vigilance ou des trous de mémoire, soit des troubles directement perceptibles et, pour tout dire, transitoires. Or, ce n'est pas tout... Loin de là. L'hippocampe, structure impliquée dans la mémorisation et la régulation des émotions, pourrait aussi jouer un rôle clé dans ces processus. De nouveaux neurones y sont fabriqués en permanence, même à l'âge adulte. Or, il a été montré chez des rats qu'en réduisant la durée du sommeil la faim, augmente. La conjonction des deux variations stimule ainsi l'appétit dans la journée. D'autres processus interviennent pour aggraver la situation : ainsi la dérèglement, en faveur du stockage des graisses, des voix nerveuses des organes digestifs. Et pour ne rien arranger, l'obésité s'accompagne souvent du syndrome d'apnées du sommeil, qui affecte à son tour la qualité du repos nocturne, favorisant la prise de poids et le diabète. Un cercle vicieux difficile à briser... ÉLARGIR LES ÉTUDES... En effet, nos défenses ne sont pas uniquement érigées contre les envahisseurs étrangers : elles surveillent aussi l'apparition de cellules anormales. Affaiblies par le manque de sommeil, elles pourraient réduire leur vigilance et laisser s'établir une colonie de cellules cancereuses. À l'appui, des études montrent que le manque de sommeil augmente le risque de cancers du colon, du sein ou de la prostate. Cependant, la relation de cause effet est loin d'être établie et des études complémentaires sont nécessaires pour le confirmer.
Comment certaines personnes arrivent-elles à dormir à poings fermés au milieu d'un bruit assourdissant ? Pour percer ce mystère, des chercheurs de la Harvard Medical School à Boston ont enregistré pendant deux nuits l'activité cérébrale de 12 dormeurs exposés à 14 bruits divers : sonnerie de téléphone, conversation, chasse d'eau, machine à laver, hélicoptère, etc., diffusés par salves de 10 secondes toutes les 30 secondes, d'abord à un niveau de 40 décibels, puis avec une intensité croissante. Ceux qui résistent le mieux aux bruits ambiants produisent plus d'ondes cérébrales rapides, appelées fuseaux du sommeil, engendrés par le thalamus au début de chaque cycle et permettant de passer de l'éveil au sommeillent profond. Les chercheurs espèrent pouvoir stimuler la production de ces fuseaux chez des personnes ayant des troubles du sommeil.
Une mutation génétique serait en partie responsable de l'inégalité face au besoin de sommeil. L'équipe de Ying-Hui Fu de l'université de Californie (Etats-Unis) a peut-être trouvé pourquoi certaines personnes dorment moins sans pour autant ressentir de fatigue : elles portent une mutation génétique ! Parmi soixante familles de petits dormeurs, les chercheurs ont identifié le cas d'une mère et de sa fille, porteuses d'une même mutation au niveau du gène DEC2, et qui n'ont besoin que de six heures de sommeil contre huit heures chez les autres membres de la famille. Les neurobiologistes ont ensuite créé un modèle de souris et de drosophile porteuses du gène humain modifié. Les drosophiles se montraient actives plus longtemps que leurs homologues sauvages, et les souris mutées dormaient une heure de moins que des souris normales. Selon les chercheurs, le gène DEC2 pourrait donc programmer la quantité de sommeil indispensable chez les mammifères, mais aussi chez les invertébrés.
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