Théorie de l'Effondrement

Notre Civilisation est-elle sur le Point de s'Effondrer ?

V.N. - SCIENCE & VIE Questions N°39 > Décembre > 2020

Bientôt la Fin du Monde ?

S.D. - RÉPONSE À TOUT N°360 > Juin > 2020

Notre Civilisation peut-elle vraiment Disparaître ?





V.N. - SCIENCE & VIE N°1221 > Juin > 2019

Quand l'Espèce Humaine va-t-elle s'Éteindre ? La Plus Grande Menace pour l'Humanité ?

M.H. - ÇA M'INTÉRESSE Questions N°26 > Mai-Juillet > 2019

Sommes-nous Prêts à Affronter le Pire ?
CATASTROPHES GLOBALES

Climat déréglé, pandémie majeure, nucléaire... La globalisation du monde crée les conditions de catastrophes planétaires : officiellement admis par l'ONU, ce constat mobilise aujourd'hui des scientifiques, chargés de théoriser le pire. Oui, mais ce "catastrophisme éclairé" rencontre un obstacle : la difficulté pour l'homme de penser sa propre fin. Explication.

Noé a construit l'Arche avant qu'il se mette à pleuvoir !" L'homme qui rappelle cette évidence biblique sait de quoi il parle. Robert Vicino est un heureux vendeur de... bunkers promettant de résister aussi bien à un déluge de bombes nucléaires qu'à des attaques chimiques ou bactériologiques ! Son entreprise, Vivos, revendique pour l'instant 10.000 clients américains, lesquels n'ont pas hésité à débourser 10.000 dollars pour se garantir, si besoin est, une place à l'ombre - durant plusieurs mois, s'il le faut. Et Vivos projette aussi d'installer des abris en Europe. "Nos ventes s'envolent à chaque catastrophe majeure, comme après l'accident de la centrale nucléaire de Fukushima", se félicite Robert Vicino.
Vous ne rêvez pas : nous ne sommes pas dans les années 1960, lorsque la guerre froide apeurait les populations. Car c'est un fait : en ce début de siècle marqué par une déferlante d'images traumatisantes, comme celle de villes japonaises balayées par une vague de 24 m, l'inquiétude mondialisée assure la fortune des vendeurs de bunkers. Sans parler des sectes millénaristes qui prospèrent sur l'imminence d'une apocalypse - qu'elle soit d'origine naturelle ou humaine -, mouvements en pleine recrudescence à l'approche du 21 décembre 2012...
Sauf que... Sauf que réduire le catastrophisme à une rhétorique pour gogos et illuminés ne rend pas justice à ce que la science sait de l'état du monde et de ce qu'il encourt. "La formalisation des risques majeurs qui nous guettent remonte aux années 1960, raconte Claude Gilbert, spécialiste des risques collectifs au CNRS. Depuis, un courant de pensée a émergé : le 'catastrophisme éclairé'. Son credo ? Envisager le pire, pour mieux le penser et donc s'y préparer". Sur fond de bouleversement climatique, les principales organisations mondiales planchent désormais sur des catastrophes à grande échelle. L'Onu dispose ainsi depuis onze ans, à Genève, d'un bureau traitant de la "stratégie internationale pour la prévention des catastrophes". Depuis 2006, le Forum économique mondial suit les "risques globaux", notamment le cas de la prolifération des armes nucléaires. Les agences gouvernementales, comme la CIA, ne rechignent pas non plus à monter des scénarios de crise planétaire dignes d'Hollywood.

SPÉCIALISTES DES "ÉVÉNEMENTS EXTRÊMES"

Quant à l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), elle a dernièrement publié un épais rapport sur "les futurs chocs mondiaux". Au menu : pandémie, cyberguerre générale, effondrement du système économique, révolution sociale planétaire et violente tempête solaire faisant disjoncter réseaux électriques et de télécommunications...
L'ennui c'est que tous ces scénarios, assez impressionnants sur le papier, sont encore très loin du compte ! Il suffit de voir à quel point le tsunami japonais du 11 mars a fait voler en éclats toutes les certitudes... "En sachant qu'il est plus facile de se remettre d'un désastre de grande intensité, mais localisé, que d'un choc d'ampleur mondiale"..., s'inquiète Pierre-Alain Schieb, responsable des projets de l'OCDE pour l'avenir. Dans les réunions internationales comme dans les laboratoires de recherche, les esprits sont en train de basculer. Avec un nouveau credo en tête: comment imaginer... l'inimaginable ? Comment deviner une chaîne d'événements hautement improbables aux conséquences incommensurables ? Bref, comment envisager le pire du pire ?
Le sujet est, pour le moins, intimidant. Jusqu'à présent, déplore John Leslie, chercheur au département de philosophie de l'université de Guelph (Canada), "dirigeants et institutions internationales ont évité d'aborder les situations les plus radicales. Prenez le GIEC, chargé de suivre le réchauffement climatique : cette organisation est à la recherche du consensus à tout prix, et ne souhaite donc pas se pencher sur l'hypothèse d'un emballement susceptible de rendre la Terre quasi inhabitable !" Cela pourrait ne pas durer. D'ores et déjà, l'OCDE commence à faire appel à des spécialistes des "événements extrêmes" à l'instar de John Casti, mathématicien à l'International Institute for Applied Systems Analysis (Autriche) : "Un événement extrême, ce serait la contamination de toute l'Asie par un virus d'origine aviaire tuant 50 millions de personnes. Ou bien l'explosion d'une bombe atomique déclenchée par un groupe terroriste en plein Times Square, rayant New York de la carte". Ce n'est pas rien : la première organisation économique mondiale, a priori peu portée sur la science-fiction, commence officiellement à s'ouvrir aux cataclysmes. Tandis que John Casti ambitionne "de travailler sur les catastrophes susceptibles de ramener brutalement notre mode de vie planétaire, disons, au XVIIIè siècle".
Or, pour Nick Bostrom, directeur de l'Institut pour le futur de l'humanité à l'université d'Oxford, tout cela est encore trop... timide. Ce philosophe de formation appelle à pousser le catastrophisme au bout de sa logique. Plus précisément ? Eh bien, il s'agirait pour les universitaires et les grands de ce monde de se pencher sur LE scénario ultime, celui dont l'humanité pourrait ne pas se relever ! Rien de moins. Nick Bostrom parle ici de "risques existentiels" (tableau ci-contre). C'est-à-dire des risques écrasants, transgénérationnels, qui "menacent d'extinction toute vie intelligente d'origine terrestre, ou du moins de réduire sa qualité de vie de manière permanente et drastique". La fin de l'humanité en quelques années, voire en quelques jours ? Tout le monde songe à une pandémie archi-virulente, à l'impact d'un astéroïde (ou d'une comète) de plus de 10 km de diamètre ou encore à l'éruption monumentale d'un super-volcan. Mais encore ? Après tout, ces menaces naturelles, avec leur probabilité très faible de survenir, n'ont pas empêché Homo erectus de prospérer durant 1,5 million d'années. Oui mais, avertit Martin Rees, astrophysicien (Cambridge) et président de la Royal Society, "si les menaces cosmiques sont effectivement faibles à l'échelle du prochain siècle, sy ajoutent désormais des risques technologiques à travers lesquels une poignée d'individus peut déclencher, par erreur ou par terreur, une catastrophe globale".

L'ATTENTE D'UNE "THÉORIE DE LA SURPRISE"

Une puissance nouvelle qui avait d'ailleurs fait craindre, en 1946, aux physiciens américains un auto-embrasement de l'atmosphère terrestre sous l'effet de l'explosion d'une bombe atomique. Aujourd'hui, la perspective d'une guerre nucléaire mondiale n'est pas à écarter, tout comme celle d'un usage détourné des biotechnologies (fabrication d'un super-virus, par exemple). Et, insiste Nick Bostrom, "ce siècle verra de tels risques existentiels se multiplier, à mesure que nous développerons des technologies toujours plus puissantes", comme l'apparition d'intelligences artificielles hostiles ou la perte de contrôle de certaines nanotechnologies. D'autres parlent même de futures grandes expériences de physique qui pourraient dégénérer...
Au vrai, le spectre d'une extinction de l'espèce humaine ne mobilise pour l'instant qu'une poignée de philosophes, d'astrophysiciens, de mathématiciens et de psychologues. Quelques essais et de rares revues scientifiques, telle Journal of Risk and Uncertainty, donnent à ces travaux un modeste écho. Des travaux encore au stade de la toute première esquisse. Car voilà bien le problème : la communauté scientifique se trouve fort démunie face à ces surprises mortelles ! Par nature, les événements extrêmes sont rares, sinon uniques. Or, comme le rappelle Holger Kantz, chercheur en physique statistique à l'Institut Max-Planck (Allemagne), "toute prévision exige de s'appuyer sur de nombreuses données recueillies par le passé ou alors sur un bon modèle de la dynamique du phénomène en question. Sur de telles catastrophes, l'expérience est au mieux clairsemée, tandis que les modèles sont mauvais ou reposent sur des hypothèses non encore vérifiées". Pis peut-être, ces extrêmes sortent du cadre étriqué de la traditionnelle courbe en cloche de Gauss, qui facilite grandement l'analyse mathématique. Certes, pour se prémunir de phénomènes d'ampleur exceptionnelle qui ne figurent pas encore dans les carnets des chercheurs, "des outils statistiques qui permettent d'extrapoler un événement jamais observé se sont développés, comme la 'théorie des valeurs extrêmes', explique Holger Kantz. Mais ce n'est pas parce qu'un événement apparaît seulement une fois tous les 100 ans en moyenne qu'il ne peut pas se produire demain matin !" Pour aller plus loin, John Casti pense "qu'il faudrait s'affranchir du cadre mathématique actuel pour laisser la place à une sorte de 'théorie de la surprise'." Théorie, pour l'heure, désespérément creuse.
Faute de corpus scientifique, certains universitaires se laissent aller à des estimations toutes personnelles... Le philosophe John Leslie, par exemple : "Nous devrions considérer que l'humanité présente une probabilité d'extinction de 30 % dans les cinq prochains siècles".

L'HUMANITÉ RENVOYÉE À LA PRÉHISTOIRE...

L'astronome Martin Rees, auteur de Notre dernier siècle ? (JC Lattès, 2004), nous confie pour sa part que "dans le siècle à venir, il y a selon moi 50 % de risque qu'un événement renvoie l'humanité à la 'préhistoire' - sans pour autant la faire totalement disparaître". Plus étonnant, car plus officiel : le rapport de l'économiste Nicholas Stem sur le réchauffement climatique remis, en 2006, au parlement britannique considère dans ses calculs une probabilité de risque d'extinction de notre espèce de 0,1 % par an. Autant de spéculations sordides qui n'ont d'autre intérêt, dans le meilleur des cas, que de lever le tabou de notre disparition. Et de mobiliser la population mondiale autour de cette question existentielle ? Pas si simple...
Le fait est que tous ces chercheurs risquent de prêcher dans le désert. Envisager le "pire du pire" ? En réalité, chacun d'entre nous semble incapable de concevoir les cataclysmes annoncés. Cela pour une raison assez simple : notre cerveau n'est pas équipé pour ! Une série d'études menées aux États-Unis dans les années 1970 a en effet mis au jour une foule de biais cognitifs dans notre estimation des dangers. Il en est ressorti, en substance, que notre appréhension des risques s'appuie en priorité sur des émotions immédiates et intuitives, vestiges de notre évolution humaine car gage de survie en milieu hostile. Au final, l'analyse rationnelle passe au second plan. De plus, personne n'a encore vécu un épisode de fin du monde pour en retenir les leçons. Certains s'installent ainsi parfois dans le déni : "il est bien connu que les gens qui habitent en aval d'un barrage ont tendance à sous-estimer le risque de rupture : une manière de rendre leur vie plus supportable", fait remarquer Claude Gilbert. Quand bien même il serait raisonnable d'avoir peur...
Mais il y a encore plus troublant, voire terrifiant. C'est que notre cerveau d'Homo sapiens reste parfaitement incrédule face à la perspective de la mort en masse d'êtres humains ! Ce phénomène a notamment été mesuré : en 1997, par une équipe de psychologues américains. Un panel de 165 étudiants devait se prononcer sur l'administration de traitements médicaux vitaux destinés à trois groupes (de tailles différentes) de malades promis à une mort certaine. Stupeur : les cobayes avaient préféré sauver 10.000 vies du premier groupe de 15.000 malades condamnés, plutôt que d'épargner 15.000 vies parmi les 160.000 du second groupe, ou les 20.000 figurant au milieu des 290.000 mourants du troisième groupe. À mesure que la tragédie prend de l'ampleur, la compassion semble s'effondrer. Pas de doute, l'adage se vérifie : "La mort d'un homme est une tragédie, celle d'un million d'hommes est une statistique". Verdict des scientifiques : les humains sont sujets à un phénomène "d'engourdissement psychophysique". Dit autrement, notre système cognitif semble voué à rester cantonné à notre environnement proche - le cercle familial - au détriment des catastrophes de grande envergure. Paul Slovic, psychologue à l'université de l'Oregon et impliqué dans ces travaux, en mesure les conséquences : "Cet 'engourdissement' tend à nous rendre insensibles aux grandes famines et aux massacres". En témoigne l'immobilisme des gouvernements de la planète face aux nombreux génocides du dernier siècle. Une ville ou un pays entiers peuvent donc bien être rasés de la carte ! Reste à savoir si la disparition de toute humanité, qui implique aussi celle de nos proches, susciterait autant d'indifférence...
Manifestement, nous ne sommes pas encore prêts à envisager le pire. Qu'à cela ne tienne ! À la tête de son Institut pour le futur de l'humanité, Nick Bostrom n'en démord pas : la survie de notre espèce est un enjeu qui mériterait singulièrement d'être pris à bras-le-corps. Vaste programme auquel s'attelle une petite ONG, la Lifeboat Foundation, qui se veut entre autres un "aide au développement de technologies capables de défendre l'humanité". Plus facile à dire qu'à faire, bien sûr. Même si, à bien y regarder, les moyens de prévention ne sont pas toujours hors de portée : holocauste nucléaire, pandémie terminale ou impact d'astéroïde géant semblent pouvoir être évités à bon compte. Les économistes se pencheront-ils un jour sur la question ? Pour l'instant, seul un doctorant, Jason Matheny (université Johns Hopkins), s'est essayé à évaluer en termes de coûts - bénéfices la parade destinée à dévier un gros astéroïde - à la manière d'un problème de santé publique. Une parade qui s'avère d'autant plus rentable qu'elle pourrait sauver non seulement les vies humaines actuelles, mais aussi toutes celles à venir ! Le calcul peut paraître étrange, mais selon John Leslie, "sur le plan éthique, les vies humaines à venir ont la même valeur que celles de nos contemporains". Avant d'ajouter : "Je suis scandalisé par tous ces philosophes qui semblent penser que l'extinction de notre humanité ne serait pas une tragédie ! "

L'AMBIGUÏTÉ DES PROPHÈTES DU MALHEUR

Quitte à envisager le pire, estime John Leslie, autant chercher à préserver ne serait-ce que 1 % de l'humanité. Les pittoresques bunkers de Robert Vicino pourraient d'ailleurs faire l'affaire. Comme le rappelle l'anthropologue Stanley Ambrose (université de l'Illinois), "un tout petit groupe d'humains - s'ils peuvent coopérer entre eux - est capable d'en fonder un grand. À l'image de la colonisation de la Polynésie"... Bref, "il nous faut penser loin et à l'échelle de l'espèce entière", résume Nick Bostrom.
De là à traiter l'humanité comme une espèce en danger de disparition, il y a un pas que tout le monde n'est pas prêt à franchir... Même au nom d'un "catastrophisme éclairé". "Réfléchir à un scénario extrême spectaculaire revient aussi à s'en débarrasser, en bloquant toute réflexion subtile sur nos vulnérabilités", avertit Claude Gilbert. En outre, le célèbre médiologue Régis Debray met en garde contre les prophètes de malheur plus intéressés en réalité par leur réputation que par la survie de l'humanité : "L'extinction du biotope terrestre, le grand hiver nucléaire, la collision de l'astéroïde qui dépeuplera la planète, l'autodestruction de l'existence humaine, la bombe climatique à retardement, le point de non-retour : ces mots rouge et noir se dégustent comme des sucres d'orge, d'autant mieux qu'ils aident [...] à triompher de l'angoissant par l'inouï", écrit-il (Du bon usage des catastrophes, Gallimard, 2011).
De fait, il faut bien l'avouer : jouer à se faire peur peut aussi être un plaisir exquis ! Autant qu'un vertigineux défi pour les scientifiques...

CATASTROPHES GLOBALES
NUCLÉAIRE : UN RISQUE MAJEUR DE CATASTROPHES PLANÉTAIRE
Le spectre atomique n'a pas disparu avec la guerre froide.


Le 18 mai dernier, en réponse au projet de déploiement de bouclier antimissile américain en Europe, le président russe Dmitri Medvedev menacé de développer le "potentiel offensif de ses capacités nucléaires". Le 8 juin, l'Iran annoncé vouloir multiplier par trois sa capacité d'enrichissement de l'uranium à 20 % de pureté. Sans compter que l'Inde et le Pakistan, rivaux notoires, comptent chacun quelques dizaines de têtes nucléaires. Rien d'étonnant donc, à ce que l'idée d'un hiver nucléaire refasse surface. L'hypothèse d'un refroidissement global de la planète, et d'un ciel voilé par les suies issues des incendies causés par un conflit nucléaire mondial, a été proposée en 1983 par une équipe de chercheurs réunis autour de Richard Turco, de l'université de Californie. Critiquée, amendée, améliorée, elle tient toujours l'accord d'aujourd'hui. Le même Richard Turco a cosigné en 2007 une analyses des conséquences d'un conflit entre l'Inde et le Pakistan. Résultat : une centaine de bombes de puissance équivalente à celle d'Hiroshima, lancées sur des villes et des zones industrielles, suffirait pour mettre l'agriculture mondiale à genoux. Nombre de victimes directes : 20 millions. Nombre de victimes indirectes : 1 milliard, décimées par la famine. Les modèles montrent que ces 100 bombes suffiraient pour couvrir de fumer les continents en deux semaines. Réchauffée par le soleil, la suie s'installerait dans la stratosphère, avec un refroidissement moyen de 1,25°C et une réduction des précipitations globales de 10 %. Une perspective très sombre, qui trouve cependant très peu des cours auprès du grand public aussi bien que des dirigeants. F.L.
LA MENACE DE COLLISION AVEC UN ASTÉROÏDE
Le chiffre fait froid dans le dos : lors du siècle à venir, 350 comètes et astéroïdes répertoriés affichent une probabilité non nulle d'entrer en collision avec la terre - même si elle n'est que d'un sur 1 million.


La dernière fois qu'un caillou de 10 km de diamètre à percuté notre planète, il y a 65 millions d'années, 90 % des espèces vivantes ont disparu. Si un tel monstre n'est pas attendu a priori avant très longtemps, Patrick Michel, de l'observatoire de la Côte d'Azur, souligne que "l'impact sur terre d'un objet de 300 m libérerait une énergie équivalente à plus de 70.000 fois Hiroshima !" Or, la NASA ne consacrera en 2012 que 0,1 % de son budget à la détection de ces bolides, quand l'Europe ne devrait mettre sur la table que 4 millions d'euros d'ici à 2016. "Pour les responsables, ce danger paraît assez aléatoire, et il n'est donc pas pris au sérieux", se désole Antonella Barucci, spécialiste des astéroïdes à l'observatoire de Paris-Meudon. Tandis que les budgets alloués aux moyens de prévention sont quasi inexistants... "C'est d'autant plus regrettable qu'il existe, sur le papier, de nombreuses propositions de méthodes de déviation d'astéroïdes ; or, aucune n'a jamais été testée", déplore Patrick Michel. L.B.
LE SPECTRE D'UNE PANDÉMIE MONDIALE
Cinq mille décès par jour à Rome au plus fort de la peste antonine (IIe s. av J.-C.), un tiers de l'Europe décimée par la peste noire (XIVè siècle), 100 millions de morts lors de la grippe espagnole en 1918...


"Aujourd'hui, les risques de pandémies susceptibles d'emporter des dizaines de millions de vies sont toujours bien réels", annonce Jean-Claude Manuguerra (Institut Pasteur). La coordination internationale fait encore défaut, quand ce ne sont pas les chercheurs qui manquent de certitudes : "Nous sommes pour l'heure incapobles de prévoir leur apparition, reconnaît le chercheur. En 2009, alors que l'on se focalisait sur le HSN1, c'est le H1N1 qui a surgi !" La FAO a émis, fin août, une alerte à l'épidémie de HSN1. D'autres s'inquiètent de l'apparition d'une nouvelle variante du SRAS (pneumonie). Et quid d'un "super-virus" trafiqué par des savants fous ? Lhypothèse n'est pas totalement exclue : 23 Etats, tel le Kazakhstan, n'ont pas encore signé la convention sur l'interdiction des armes biologiques. A.P.
H. SAPIENS A-T-IL DÉJÀ FAILLI DISPARAÎTRE ?
C'est fort probable. Stanley Ambrose, anthropologue à l'université de l'Illinois pense en effet "qu'il y a 74.000 ans, l'éruption du super-volcan Toba (Indonésie) a failli entraîner l'extinction de l'humanité".


En éjectant dans le ciel 3000 km³ de cendres (contre 10 km³ pour le Pinatubo, en 1991), Toba avait alors rendu le climat glacial, semant la désolation sur Terre... Avec une humanité réduite à quelques milliers de rescapés ! Depuis, notre espèce a gagné en robustesse : à la fois très bien répartie sur le globe et fournie (7 milliards d'individus), en dépit des épidémies, famines, génocides, guerres mondiales... Sauf qu'une autre menace est apparue entre-temps : la perspective d'un holocauste nucléaire. Et il s'en est parfois fallu de peu ! Lors de la crise des missiles de Cuba, Kennedy avait estimé à un sur trois le risque d'une guerre atomique... Qui plus est, à plusieurs reprises, des bugs des systèmes d'alerte américains et soviétiques - affichant à tort des missiles ennemis - ont failli déclencher dans la foulée une réplique apocalyptique... V.N.

F.L. et V.N. - SCIENCE & VIE > Octobre > 2011
 

   
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