Dans le ciel de nos ancêtres, un deuxième astre a brillé à côté du Soleil : une naine rouge qui traversait alors le système solaire... et ne fut sans doute pas la seule ! Les planètes du système solaire sont toutes ramassées à moins de 30 unités astronomiques du Soleil (une 'UA' étant la distance entre le Soleil et la Terre). Mais notre étoile étend son influence gravitationnelle sur un peu plus de 100.000 UA. Cette frontière externe du système solaire se matérialise par un gigantesque nuage de comètes, le nuage d'Oort... dans lequel est passée une étoile il y a 70.000 ans, à 52.000 UA du Soleil. Elle était passée inaperçue. Pourtant, cela faisait 60 ans qu'elle figurait dans les relevés des télescopes, sous la forme d'un petit point rouge. Mais personne ne s'y était intéressé. Il faut dire qu'elle se dissimulait, étoile anonyme parmi des milliers et des milliers d'autres, au pire endroit qui soit pour qui aurait voulu la distinguer dans le ciel : près du plan de la Voie lactée, là où se concentre une forêt d'astres tous plus brillants les uns que les autres. C'est en compilant toutes les données recueillies par les campagnes de recensement d'étoiles et en les explorant avec une méthode nouvelle, basée notamment sur l'étude des couleurs des astres, que Ralf Scholz, à l'Institut d'astrophysique de Potsdam (Allemagne), la repère fin 2013. Une toute petite étoile, pesant 15 % de la masse de notre Soleil et n'émettent qu'une faible lumière. Une étoile naine rouge gravitant tout près de nous, à 19 années-lumière, soit seulement 4 fois et demie plus loin que l'étoile la plus proche du système solaire, Proxima du Centaure. Plusieurs équipes d'astronomes s'emploient aussitôt à l'étudier. Henri Boffin, à l'Observatoire européen austral (ESO), l'ajoute à la liste des cibles des télescopes Salt, en Afrique du Sud, et Magellan, au Chili. Michael Gillon, à l'université de Liège, l'observe avec le telescope Trappist, installé au Adam Burgasser, à l'université de Californie, utilise les puissants observatoires Lick et Keck (HawaÏ) pour étudier sa lumière, tout on se plongeant dans les archives... jusqu'à retrouver la trace de l'étoile sur une plaque photographique datant de 1955, archivée à l'observatoire du mont Palomar. UNE CURIEUSE TBAJECTOIRE : Combinant toutes ces données, les astronomes dressent le portrait de l'étoile de Scholz - ils préfèrent vite ce surnom à sa vraie appellation : WISE J072003.20-084651.2. Ou plutôt des deux étoiles de Scholz. Car la naine rouge, qui pèse en réalité 8 % de la masse du Soleil, n'est pas seule. Elle gravite avec une naine brune, un petit astre sombre, mi-étoile mi-planète, pesant 6 % de la masse du Soleil. Surtout - et c'est là que l'histoire commence à devenir vraiment intrigante -, elle se déplace à seulement 11 000 km/h perpendiculairement à nous... mais file à 300 millions de km/h dans la direction de la ligne de visée des télescopes. "L'étoile s'éloigne de nous de façon quasi parfaite", constate Adam Burgesser. PAS DE PLUIE DE COMÈTES : L'étoile a ainsi passé 2000 ans dans notre monde, bousculant au passage quelques milliers de comètes, mais sans faire trop de dégâts. "Elle est passée dans la partie externe du nuage d'Oort, très dilué à cet endroit, précise Henri Boffin. Elle n'a provoqué aucune pluie de comètes qui aurait pu toucher le système solaine interne". Dommage... Car c'est le rêve des astronomes : trouver une corrélation entre le passage d'une étoile étrangère à proximité du Soleil et la présence de cratères sur le sol terrestre, voire des extinctions d'espèces. Mais ce n'est que le début. La recherche d'autres étoiles visiteuses est lancée. "Dans un rayon de 20 années-lumière autour du Soleil, 3 ou 4 étoiles et plusieurs dizaines de naines brunes pourraient nous avoir échappé, précise Adam Burgesser. Le satellite Gaia, qui cartographie la Voie lactée depuis décembre 2013, devrait pouvoir les détecter". Car les statistiques sont là : les modèles de la galaxie prédisent que 12 étoiles pénètrent le système solaire chaque million d'années. L'étoile de Scholz n'était sans doute pas la première, ni la dernière, à venir faire un tour dans notre monde.
C'est, en km/h, la vitesse record d'un mystérieux objet qui fonce vers le système solaire. Il pourrait s'agir d'un amas d'étoiles très dense venant de la galaxie M 87. Celle-ci abrite un trou noir géant, mais a pu, jadis, en posséder deux. Leurs interactions auraient propulsé l'amas, qui aurait ainsi échappé à l'attraction gravitationnelle de sa galaxie.
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