Catastrophes Naturelles en 2010 |
Port-au-Prince, Haïti. Le 12 janvier 2010, un tremblement de terre de magnitude 7 frappe le pays le plus pauvre de l'hémisphère nord.
Un siècle que Papa Legba, l'esprit vaudou à cheval entre l'enfer et le paradis, n'avait pas vu ça. Une telle dévastation. Les séismes n'ont pas de nom, mais celui du 12 janvier 2010 n'a pris que quelques minutes pour ravager Port-au-Prince et des cités comme Jacmel et Léogâne. La première secousse sismique a été suivie d'une cinquantaine d'autres. Là où le tsunami asiatique de 2004 avait fait 220.000 victimes, le chiffre de 300.000 morts est ici plus que plausible. Le séisme a également fait plus de 194.000 blessés. Voici ce qu'on pouvait lire à l'époque : la plupart des hôpitaux ayant été détruits, les blessés sont soignés dans des blocs opératoires de fortune, des tentes ou des containers, par des médecins internationaux débarqués en urgence. Quelques milliers de blessés auraient gagné l'hôpital de Jimani, une ville frontalière de la République dominicaine. Près d'un million d'habitants se retrouvent sans-abri. Dans la capitale, 591 camps accueillent près de 700.000 personnes jusque sur les pelouses du Premier ministre, selon l'Organisation internationale des migrations. Le gouvernement et la Croix-Rouge ont annoncé l'installation de nouveaux camps. Selon l'ONU, 235.000 personnes auraient quitté la ville en ruines vers le nord du pays, épargné par le séisme.
CHOC N°139 > Janvier > 2011 |
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NEWLOOK N°319 > Avril > 2010 |
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Eyjafjoll, Islande. Peu de gens arrivent à le prononcer, mais tout le monde se souviendra de son nom : l'Eyjafjoll.
Il était en sommeil depuis 1821, mais il se réveille le 20 mars, créant des fontaines et des coulées de lave sans graves conséquences. Le 13 avril démarre la deuxième phase éruptive. Les panaches de fumées volcaniques, portés par des vents dominants, vont gagner le ciel européen et, par un effet de ricochet, paralyser peu à peu les transports aériens du monde entier.
Jusqu'à 29 % du trafic est bloqué entre le 17 et le 19 avril, jours où les perturbations sont les plus importantes. Principe de précaution oblige, près de 100.000 vols sont annulés. De l'Amérique du Nord à l'Asie, des millions de voyageurs sont suspendus aux humeurs basaltiques de ce qui se passe entre le col de Fimmvorouhals et le glacier de Myrdalsjokull sur une île de l'Atlantique Nord. Certains retiennent que d'après l'Associalion internationale du transport aérien (Iata), le coût financier pour les compagnies aériennes s'élève à près de 1,27 milliard d'euros. D'autres sont soulagés que Bjork s'appelle Bjork, tout simplement.
CHOC N°139 > Janvier > 2011 |
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NEWLOOK N°321 > Juin > 2010 |
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La Motte, Var. Les pluies diluviennes ont fait 25 morts en juin. Il s'en est fallu de peu pour que ces pompiers en fassent partie.
"Jamais je n'avais été confronté à un spectacle aussi apocalyptique. Cette nuit, c'était la guerre". Le major Jean-François Fiorina, du Groupe Inondation sauvetage (GIS) des Alpes-Maritimes, sait de quoi il parle : depuis 32 ans, il parcourt la France à la recherche de victimes noyées lors de catastrophes naturelles. Cette fois, c'est la Var qui est touché. Dans la nuit du 14 au 15 juin et dans la journée qui a suivi, le département a été frappé par des précipitations exceptionnelles pouvant atteindre 400 litres d'eau au mètre carré. La ville de Draguignan a particulièrement souffert - avec une crue de plus de 2 m -, ainsi que plusieurs communes des bassins de l'Argens et de son affluent la Naturby. Près de 2000 secouristes sont intervenus, plus de l500 personnes ont été hélitreuillées et près de 100 sauvetages ont été réalisés à l'aide d'embarcations. Le bilan de ce déluge est de 25 morts et 4 disparus. C'est dans ce contexte que les Alpes-Maritimes voisines envoient en urgence 12 pompiers du GIS spécialistes de la plongée, du Canyoning et de l'intervention en milieu périlleux. Avec pour mission de reconnaitre une par une les voitures submergées dans l'Argens, à la recherche de possibles victimes. Après plus de 100 sauvetages realisés dans la zone, Jean-François Fiorina et ses hommes se retrouvent au lieu-dit du Saut du Capelan, une cascade sur la Naturby. Descendus en rappel dans le cours d'eau pour y repêcher d'éventuels cadavres, ils sont soudain surpris par un glissement de terrain détachant du ravin des tonnes de terre et de végétaux. Par miracle, les sauveteurs échappent à l'ensevelissement. En parlant de spectacle apocalyptique, le major Fiorina n'exagérait pas...
CHOC N°139 > Janvier > 2011 |
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Planète Ouragan et Grosse Rupture |


NEWLOOK N°325 > Octobre > 2010 |
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Nouvelle-Zélande (Septembre) : Tordant |

O.D. - SCIENCE & VIE JUNIOR HS N°125 > Septembre > 2017 |
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L'ouest de la Hongrie est une zone sinistrée. Le 4 octobre, la fuite d'un réservoir de l'usine d'aluminium d'Ajka a libéré près d'un million de m³ de boue hautement toxique. La coulée a ravagé des villages et empoisonné les champs et les rivières.
Ville rouge (à d. ->) ; à Devecser, deuxième commune la plus touchée, la boue a tout recouvert : les rues, les canaux, les jardins et l'intérieur des maisons.
La coulée rouge s'étire à perte de vue dans la campagne hongroise comme une gigantesque saignée. C'est la pire catastrophe écologique qu'ait connue le pays. A l'origine du désastre, la rupture de la digue d'un bassin de rétention d'eaux usagées de l'usine MAL (Magyar Aluminium), à 160 km à l'ouest de Budapest, le 4 octobre. Près d'un million de mètres cubes d'une boue extrêmement toxique se sont déversés dans la nature. Les flots ont dévasté 7 villages et pollué les sols sur plusieurs milliers d'hectares. Neuf personnes sont mortes et 150 ont été blessées. Selon Greenpeace, les déchets rejetés contiennent de l'arsenic, du mercure et du chrome, qui ont entièrement détruit l'écosystème des rivières Torna et Marcal.


A Kolontar, un des villages les plus touchés, la couche de bone a atteint 2 mètres de haut. Le bourg a été évacué près de deux semaines, avant que ses habitants le réinvestissent progressivement. En cause ? La vétusté des digues de l'usine. Selon l'association écologique WWF, celles-ci fuyaient depuis juin. Trois dirigeants de MAL ont été entendus par les enquêteurs. Et la société a été nationalisée en urgence par le parlement hongrois pour prévenir la répétition d'un tel accident.
P.A. - CHOC N°137 > Novembre > 2010 |
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Java : Sous les Cendres du Volcan |
Avec une éruption tous les quatre ou cinq ans, le Merapi, situé sur l'île de Java, est l'un des volcans les plus actifs d'Indonésie. Sur ses pentes, les habitants sont habitués à fuir à la moindre menace. Mais la récente colère de la "montagne de feu" est l'une de ses plus terrible.
Le village d'Argomulyo (->) est pétrifié, chaulé de cendres volcaniques. Dans la nuit du 4 au 5 novembre, les nuées ardentes se sont abattues sur lui à plus de 250 km/h, brûlant tout sur leur passage.
Il s'est réveillé. La végétation luxuriante et les rizières en terrasse, accrochées aux pentes de la "montagne de feu" (Merapi, en malais) de Java Centre, sont ensevelies sous un manteau de cendres. L'île équatoriale a des allures de paysage enneigé. L'éruption du volcan, l'un des plus dangereux et des plus surveillés de l'archipel indonésien, n'est pas inattendue : il entre en activité tous les 4 ou 5 ans depuis le milieu du XVIIè siècle. La dernière fois, c'était en juin 2006. Il avait fait deux victimes. Cette fois, sa fureur est bien plus violente.

Dans l'après-midi du 26 octobre, les sirènes retentissent. Elles annoncent l'arrivée des nuées ardentes, mélanges de roches incandescentes et de gaz. C'est le signal de l'évacuation pour des milliers d'éleveurs et d'agriculteurs qui prospèrent sur ce sol volcanique fertile. La zone de danger est établie par les autorités à 8 km. Pourtant, à Kinahrejo, à moins de 4 km du dôme de plasma, Mbahh Marijan, le gardien du volcan considéré comme sacré par les Javanais, refuse d'abandonner son poste. Une trentaine de personnes demeurent avec lui. Ce seront les premières victimes du Merapi : la pluie de lave et de cendres qui s'abat durant la nuit ravage entièrement le village. Après une courte pause, dans la nuit du 29 au 30 octobre, une nouvelle éruption, plus violente, réveille des milliers d'habitants, qui abandonnent leur maison dans la panique. Il pleut des cendres et du sable brûlants à 10 km à la ronde. La tourmente apocalyptique gagne du terrain. Une foule de réfugiés fuient devant les coulées de lave. A pied, entassés sur les motos, ou pressés à l'arriére des camions. Leurs visages sont blanchis par la poussière incandescente. C'est pire que ce qui était prévu.

Le périmètre de sécurité est étendu à 15 km. Il passe à 20 km dans la nuit du 4 au 5 novembre, tandis qu'a lieu la plus forte éruption en 10 jours. Les coulées pyroclastiques brûlent tout sur leur passage. A 18 km du cratère, Argomulyo est dévasté. 390.000 personnes ont été déplacées. Et rien que dans le stade - transformé en sanctuaire - de Maguwohardjo, à Yogyakarta, ils sont des dizaines de milliers à s'entasser. Dans cette cité, à une trentaine de kilomètres au sud du Merapi, les hôpitaux ne peuvent plus faire face à l'afflux des brûlés. Heureusement, la menace semble diminuer. Mais sous les cendres, les secouristes continuent de trouver des corps figés par les coulées ardentes. Au 17 novembre, on comptait 273 victimes. Après l'éruption de 1930, qui avait fait 1400 morts, c'est la plus meurtrière des colères du Merapi.
R.T. - CHOC N°138 > Décembre > 2010 |
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Haïti, plus d'un an après le terrible séisme qui l'a terrassée, est encore à genoux. Et les chiffres provoquent le même vertige : en moins d'une minute, plus de 200.000 personnes ont basculé vers la mort. Face à cette démesure, l'esprit cherche fébrilement une réponse. Pourquoi ?
Des prosélytes de tous poils ont vite pointé un coupable commode : le vaudou qui s'emacine dans l'île. Tant il est évident, pour beaucoup, qu'une telle tragédie ne peut être que l'ouvre d'une force démoniaque. Vieux réflexe que celui d'invoquer quelque dieu vengeur... Les géologues, pourtant, savaient que l'impensable allait arriver. La faille était connue. Elle avait déjà tremblé. Seuls restaient indécis l'instant et le lieu précis où la roche céderait. Il en va ainsi, hélas, d'une multitude d'endroits sur Terre. San Francisco, à quelques milliers de miles de là, n'est au fond pas mieux lotie. Ni Tokyo, qui abrite pourtant l'une des plus fortes concentrations humaines du globe.
Quand ce n'est pas la terre qui tremble, c'est le ciel qui tombe, pour ainsi dire, en trombes d'eau. L'année 2011 a ainsi bien mal commencé pour l'Australie, dont l'Est s'est retrouvé noyé, en janvier, sur une superficie grande comme la France et l'Allemagne réunies. Tandis qu'aux alentours de Rio, au Brésil, on pleurait au même moment la mort ou la disparition d'un millier de personnes, emportées par les torrents de boue qu'un déluge de plusieurs jours avait engendrés. Là encore, "l'impensable" était en partie prévisible, au vu des constructions anarchiquement disposées à flancs de coteaux. L'homme feint d'oublier que les équilibres sur lesquels il s'appuie sont fragiles. Et que la planète qui le nourrit peut aussi, quand sa fureur éclate, être celle qui le détruira. Son histoire, depuis sa naissance il y a 4,5 milliards d'années, n'est pourtant qu'une succession de cataclysmes. Chutes d'astéroïdes, déluges au sens quasi biblique, éruptions gigantesques de magma et atmosphère déchaînée : qui peut encore croire qu'avec un tel passé la planète bleue puisse être un havre de paix. Son cour bouillonne encore d'une énergie colossale. La Terre a tremblé, elle tremblera encore. De ses entrailles continueront de jaillir des laves incandescentes, aveugles aux villages qu'elles ensevelissent et sourdes à la douleur des hommes. Les alizés qui rafraîchissent les côtes tropicales se transformeront, comme ils l'ont toujours fait, en cyclones rugissants, encore et encore.
DÉVELOPPER UNE CULTURE DU RISQUE
Alors, d'où nous vient cette impression que notre planète, depuis quelque temps, s'acharne contre nous ? Les chiffres confortent l'intuition : que ce soit en nombre de catastrophes naturelles relevées, en nombre de morts ou en valeur des dégâts, l'année 2010 se situe nettement au-dessus de la moyenne de ces trente dernières années. Certes, on débattra de ce que l'on appelle précisément "catastrophe naturelle" et sur la façon de les comptabiliser ; on fera valoir, aussi, que l'on est davantage informé aujourd'hui qu'hier du moindre soubresaut qui affecte le coin le plus reculé de la planète. Autant de biais dans ces macabres statistiques. Peu importe : l'année 2010 a bien été une annus horribilis (infographie). Et les images sont restées du Pakistan à l'agonie, l'été dernier, quand un quart de son territoire s'est retrouvé sous l'eau. Ou de l'Indonésie frappée en octobre à la fois par un séisme, un tsunami et l'éruption du mont Merapi.
Ces tragédies, bien sûr, intérpellent les scientifiques. Pouvait-on les éviter ? Nul n'empêchera le sol de trembler ni un volcan de se réveiller. Mais si on ne peut dompter la Terre quand elle se déchaîne, on peut tout au moins s'efforcer d'en anticiper les caprices. Patiemment, les géophysiciens testent donc de nouvelles hypothèses pour comprendre la dynamique d'un séisme, les volcanologues rivalisent d'astuces pour prévoir quelques jours à - peut-être - quelques semaines à l'avance le déclenchement d'une éruption. Les climatologues affinent leurs modèles pour identifier, enfin, les mécanismes inextricables de la mousson et complètent la panoplie de satellites qui, là-haut, repèrent et surveillent le moindre embryon d'ouragan. Ces efforts permettront-ils de sauver plus de vies ? A condition qu'une véritable "culture du risque" dissuade en parallèle les hommes d'installer leur logis à flanc de volcans. Qu'on respecte, dans les zones les plus exposées, des règles de construction antisismiques. Qu'un urbarlisme mieux contrôlé mette fin à ces "couloirs de la mort" qui déversent leurs flots d'eau et de boue sur des constructions imprudentes. La science peut aider si la volonté y est. Car il n'y a nulle fatalité, face aux aléas naturels, de rester si démunis.
SCIENCE & VIE Hors Série > Mars > 2011 |
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