Avec le changement climatique, les conditions atmosphériques qui règnent dans la zone intertropicale tendent à gagner des latitudes plus élevées.

Ainsi, entre 1970 et 2009, la ceinture tropicale s'est étendue de plus de 2,7 degrés de latitude, soit un écart presque équivalent à celui qui sépare Lyon de Perpignan. Un phénomène qui, dans l'hémisphère Nord du moins, serait dû non pas aux émissions de gaz à effet de serre, mais à celles de suie et d'ozone : c'est ce que révèlent les travaux menés par l'équipe de Robert Allen, climatologue à l'université de Californie, à partir de modèles climatiques. "Même si l'on constate que ces modèles sous-estiment encore largement le phénomène d'expansion des tropiques par rapport à ce qui est observé, nos simulations montrent que la part de responsabilité de la suie et de l'ozone troposphérique (de basse altitude) dans l'expansion tropicale de l'hémisphère Nord est d'environ 70 %", explique le chercheur. Derrière ce phénomène se cache en réalité une altération, via ces aérosols, de la circulation des courants atmosphériques. Conséquences : l'apparition de cyclones à des latitudes plus élevées, mais aussi le déplacement des zones subtropicales arides vers des zones tempérées, comme le bassin méditerranéen, le sud des États-Unis ou le sud de l'Australie.

Les zones tropicales se sont élargies de près de 300 kilomètres en direction des pôles au cours de ces vingt-cinq dernières années. Ce changement pourrait affecter durablement le climat.

C'est la conclusion à laquelle est parvenue la climatologue Dian Seidel, du National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA). Au passage, elle rappelle également que les scénarios climatiques les plus pessimistes ne projetaient d'atteindre cette valeur qu'à la fin de ce siècle. Si la zone tropicale est toujours délimitée pour les cartographes par les tropiques du Cancer et du Capricorne - situés à 23,5 degrés de latitudes nord et sud -, les climatologues la définissent selon d'autres critères, notamment la position de certains courants atmosphériques et les régimes de précipitations ou de températures.

Par exemple, un des changements constatés concerne un élargissement des cellules de Hadley, ces boucles de circulation de courants atmosphériques situées de part et d'autre de l'équateur, qui apportent humidité aux régions pluvieuses et sécheresse aux régions arides situées au bord des tropiques. La mesure d'autres paramètres, comme la température de la stratosphère, montre également des modifications importantes. Un refroidissement de cette couche atmosphérique a ainsi été observé, ce qui a conduit à une élévation de la tropopause et donc un glissement vers les pôles des courants troposphériques. Ces observations sont plutôt inquiétantes : en effet, tous ces changements risquent de conduire à des modifications climatiques affectant écosystèmes, agriculture et ressources en eau de certaines régions déjà arides. Ainsi, Dian Seidel envisage que, si le déplacement de la limite des tropiques vers les pôles se poursuit, les déserts des régions subtropicales pourraient envahir des zones aujourd'hui très peuplées, comme le bassin méditerranéen, le sud-ouest des États-Unis, le sud de l'Australie ou l'Afrique du Sud.