Index SCIENCES -> GÉOSCIENCES -> MINÉRALOGIE 
   
 
Après le Pétrole... le Charbon ?

Ressources abondantes, bon marché... le charbon cumule les atouts pour prendre la relève du pétrole et, déjà, sa production explose. Oui, mais de toutes les énergies, il est le pire émetteur de CO2 ! Une véritable plaie qui pourrait profiter au nucléaire. Car seul l'atome possède aussi les armes pour relever le défi énergétique du XXIè siècle...

Les Clés pour Comprendre le Succès du Charbon

O.S. - SCIENCE & VIE N°1230 > Mars > 2020

Le Pic du Charbon a été franchi

L.C. - SCIENCES ET AVENIR N°827 > Janvier > 2016

Pourquoi le Charbon redevient la Première Énergie Mondiale

D'ici deux ans à peine, le charbon aura détrôné le pétrole ! Bon marché, abondant, il tire la croissance des pays en développement... Au risque de marquer un grave retour en arrière pour l'environnement.

REPÈRES : En 1769, James Watt dépose le brevet d'une machine à vapeur qui sera le principal moteur de la révolution industrielle. À la fin des années 1940, le pétrole supplante le charbon. Le 8 avril 2004, la France ferme sa dernière exploitation minière (la Houve, Moselle). En 2012, la consommation de charhon augmente en France de 35 % ; il redevient aussi la première source d'électricité au Royaume-Uni.

Au pays de Germinal, on l'avait tout simplement oublié. Et un peu trop vite relégué au musée de la révolution industrielle, rayon des locomotives à vapeur... Car le 16 décembre 2013, l'Agence internationale de l'énergie (AIE) a livré une prévision renversante : d'ici à 2016, le charbon dépassera le pétrole pour devenir la première source d'énergie dans le monde.

DES RAPPORTS ALARMISTES

Éoliennes et panneaux photovoltaïques ont beau focaliser l'attention, ils ne font pas le poids face au "diamant noir". "La montée en puissance du charbon observée depuis le début des années 2000 équivaut à celle de toutes les autres énergies cumulées", signale Jean-Eudes Moncomble, du Conseil mondial de l'énergie. Or, ce retour au premier plan ressemble à un cauchemar. La combustion du charbon libère en effet du mercure, du dioxyde de soufre, des oxydes d'azote et d'épais nuages de suies. Cette pollution aux particules atteint des sommets en Chine, où elle est à l'origine de 350.000 à 500.000 décés prématurés par an. Sans parler des dangers liés à son extraction : plus de 1300 mineurs chinois ont péri en 2012.
Mais le charbon est tout aussi détestable par son impact sur le climat. Parmi toutes les énergies fossiles, son utilisation est de loin la plus émettrice de C02 - deux fois plus que le gaz naturel. Le charbon est d'ailleurs responsable de 44 % des émissions de CO2 du secteur énergétique, contre 35 % pour le pétrole... "Hélas, le charbon devrait rester une énergie dominante à l'horizon 2050", se désole Jean-Eudes Moncomble. Tous les rapports sont alarmistes. Continuer ainsi sans rien changer aura des conséquences immenses et tragiques avertissait dernièrement Maria van der Hoeven, la directrice générale de l'AIE. Pourra-t-on concilier cet appétit insatiable. avec le respect de l'environnement ? À voir, car limiter ses émissions représente un défi colossal. "Les progrés dans le captage et la séquestration du CO2 avancent beaucoup moins vite qu'espéré", déplore Carlos Fernandez Alvarez, analyste à l'AIE. D'où le mot d'ordre actuel, nettement moins ambitieux : améliorer le rendement des centrales au charbon, dont la majorité n'atteint pas les 35 %... quand les autres technologies flirtent avec les 45 %.
Si, selon Charlotte de Lorgeril, du cabinet SIA Partners, "la Chine est en train de remplacer ses plus anciennes centrales", cela risque pourtant d'être insuffisant. Au point de faire regretter l'époque du tout-pétrole...

V.N. - SCIENCE & VIE N°1158 > Mars > 2014

Vers un Boom des Centrales au Charbon

Le charbon a encore de beaux jours devant lui ! Près de 1200 nouvelles centrales au charbon pourraient ainsi voir le jour dans le monde (sans compter les chantiers en cours), d'après le World Resources Institute, un think tank américain qui a recensé tous les projets de construction.

La majorité d'entre eux concernent l'Asie : l'Inde, avec 455 nouvelles centrales envisagées, et la Chine (363) concentrant 68 % des projets. Suivent la Turquie, la Russie et le Vietnam. L'Europe n'est pas en reste avec des projets en Ukraine (14 centrales), en Pologne (13) et en Allemagne (10). Si le charbon a toujours la cote sur le Vieux Continent, c'est parce qu'il est économiquement plus intéressant que le gaz, dont le cours reste élevé, quand celui du produit final, l'électricité, est à la baisse. En France, la consommation de charbon pour produire de l'électricité s'est ainsi envolée de 79 % entre septembre 2011 et 2012. Mais tous les projets ne verront sans doute pas le jour. Les grands groupes énergétiques chinois et indiens pourraient en effet en abandonner un grand nombre, confrontés à une hausse des prix du charbon et une opposition croissante des citoyens. Ces centrales constituent aujourd'hui la principale source d'émissions de gaz à effet de serre.

7,2 milliards de tonnes de charbon ont été brûlées dans le monde.
46 % du charbon ont été consommés par la Chine, suivie des États-Unis (13 %) et de l'Inde (9 %).
1,4 million de mégawatts supplémentaires pourraient être disponibles grâce à ces centrales, soit le double de la capacité actuelle.

G.S. - SCIENCE & VIE > Février > 2013

Le Charbon sera l'Énergie du XXIè Siècle

Plus gros émetteur de CO2 des énergies fossiles, à peine moins cher que le gaz...

Malgré cela, le charbon s'impose comme la ressource d'énergie du XXIè siècle, avec 120 ans de réserves, chiffre prouvé au rythme de la consommation actuelle (contre environ soixante ans pour le gaz et quarante pour le pétrole). Entre 2000 et 2007, son extraction a doublé en Chine, triplé en Indonésie, et les échanges internationaux de houille ont été multipliés par deux.

L'Agence internationale de l'énergie prévoit que 29 % de l'énergie primaire sera issue du charbon en 2030.

F.I. - SCIENCE & VIE > Août > 2010

Le Charbon à la Conquête du XXIè siècle

La révolution énergétique qu'appelle la fin du pétrole a semble-t-il trouvé son champion : le charbon, actuellement en plein essor un peu partout sur la planète. Et pour cause : ressources, électricité, carburant... la houille cumule les atouts pour devenir "l'énergie du siècle".

Il reste environ 40 à 60 ans de pétrole (34 % de l'énergie mondiale en 2004) à la planète au rythme actuel de consommation. Or, celle-ci croôt de 2 % par an en moyenne, ce qui ramène mathématiquement le délai à environ 25 ans.
En outre, les difficultés (tensions géopolitiques, spéculation...) justifiant une explosion des cours commencent à se manifester dès que la ressource se raréfie. Cette zone de danger commence avec le pic de production (le moment où celle-ci cesse d'augmenter et ne suit plus la demande). Un pic qui, estiment des experts indépendants regroupés au sein de l'ASPO, pourrait intervenir dès 2015. (www.aspo.org)

C'est une vague noire qui monte. Une vague noire qui a même les allures de nouvel or noir. Car après l'ère du pétrole et du gaz, dont les années sont comptées, tout indique que l'énergie qui pourrait prendre la relève est... le charbon. Le charbon, successeur du pétrole ? Vue de France, cette passation de pouvoir a de quoi sidérer.

L'improbable résurrection de la mine Française
Alors que la France extrayait encore près de 50 millions de tonnes de son sous-sol après-guerre, la production n'a cessé de décliner jusqu'à la fermeture de la dernière mine, La Houve (Moselle), le 23 avril 2004. Pourtant depuis 2006, le regain de compétitivité du charbon a incité des industriels à redémarrer. Un projet de mine à ciel ouvert à Lucenay-les-Aix (Nièvre) a été abandonné en décembre 2006 face à l'hostilité des riverains. Mais un projet souterrain à Cossaye attend la décision de l'Etat pour exploiter un gisement de 250 millions de tonnes. D'autres sites comme Bertholène (Aveyron) et Commentry (Allier) pourraient également voir renaître une activité. Quoi qu'il en soit, entre la déclaration d'intérêt et l'exploitation effective, de nombreuses étapes doivent être franchies...

EXCEPTION FRANÇAISE

Chez nous, la dernière mine de charbon n'a-t-elle pas été fermée en 2004 ? Or, il s'agit là d'une véritable "exception française". Car partout ailleurs, la réalité est tout autre. De fait, le charbon n'a jamais disparu de la scène planétaire. Bien au contraire : depuis trente ans, son utilisation croît au même rythme que la consommation d'énergie, soit environ 3 % par an. La faiblesse relative de ce pourcentage recouvre en fait une croissance considérable. "Au cours de trois dernières décennies, précise Milton Catelin, président du World Coal Institute (une association de producteurs basée à Londres), la production de charbon est passée de 2 à 5 milliards de tonnes annuelles !"
De toutes les sources d'énergie primaire, l'énergie charbon est devenue celle qui monte le plus vite dans le monde en développement. L'atelier du monde riche, autrement dit la Chine, fonctionne d'ailleurs presque exclusivement au charbon : 75 % de sonélectricité en provient. Il s'y construit environ une centrale au charbon par semaine, et les projections des experts annoncent l'installation d'une puissance de 200 GW d'ici à 2010 (équivalent à plus de 130 réacteurs nucléaires), de 500 GW supplémentaires entre 2010 et 2020, et d'encore 670 GW avant 2030 ! Et l'Inde est sur la même pente. Régulièrement frappée par de graves coupures de courant, elle s'équipe à un rythme accéléré et lance des programmes pharaoniques : la plus grande centrale thermique au charbon au monde, d'une capacité de 12 GW (équivalent à 3 centrales nucléaires françaises) va voir le jour dans l'Est du pays, pour environ 8,5 milliards d'euros !

Chine et États-Unis sont de très loin les plus gros producteurs et consommateurs de charbon. À un rythme très différent toutefois : si la production américaine a augmenté d'un tiers depuis 1980, celle de la Chine a plus que triplé ! Et cette explosion ne va pas s'arrêter là : la production chinoise doublera encore d'ici à 2030 pour friser les 4 milliards de tonnes ! A raison de 3,2 % en plus par an, l'Inde rattrape son retard sur les USA : sa production dépassera 900 millions de tonnes en 2030.

100.000 MINEURS AMÉRICAINS

Pour autant, le charbon n'est pas une énergie de pays pauvre. Juste derrière la Chine, à la fois premier producteur et consommateur, on trouve... les États-Unis, qui, avec plus de 100.000 mineurs employés dans 2000 mines, exhument chaque année près d'un milliard de tonnes. Plus de la moitié de l'électricité américaine provient de ce combustible, dont le Japon est également un gros consommateur, tout comme l'Australie. Même l'Europe n'est pas en reste. Notre voisin allemand est le dixième consommateur mondial de houille, et devant lui on trouve la Pologne (7') et la Russie (6'). "Nous constatons en Europe un mouvement massif de retour au charbon et au lignite, qui est tout d'abord lié à la flambée du prix du Pétrole et du gaz, indique Jean-Xavier Morin, ingénieur chez Alstom, l'un des tout premiers constructeurs mondiaux de centrales thermiques. Or, d'ici à 2020, 200.000 MW de centrales construites dans l'immédiat après-guerre devront être remplacées en Europe. Derrière l'envol planétaire de la houille se cache celui de la consommation électrique, qui s'accroît de 1,9 % par an depuis trente ans. Une consommation électrique qui est loin de recouvrir les mêmes réalités au Nord et au Sud. Dans les pays riches, son accroissement résulte pour bonne part de la multiplication des appareils électroménagers ou électroniques : lave-vaisselle, télévisions, climatisation, ordinateurs... A l'inverse, dans les pays du Sud, 1,5 milliard d'humains n'ont pas accès au courant, et des pays comme l'Inde ou l'Afrique du Sud font d'énormes efforts pour apporter l'électricité à leurs populations (la Chine vient seulement d'achever son électrification). Le problème, c'est que ce boum de la consommation électrique intervient au moment où s'accumulent les nuages sur les hydrocarbures (pétrole et gaz naturel), qui représentent aujourd'hui la moitié de l'énergie mondiale. Sur le plan géologique, d'abord : selon les estimations, le monde ne peut plus compter que sur 40 à 60 années de pétrole et 70 à 90 années de gaz naturel. C'est peu...

>GAZ ET PÉTROLE HORS DE PRIX

Or, cette raréfaction de la ressource va nécessairement avoir des répercussions. En clair : le pétrole, puis le gaz, sont voués à devenir hors de prix. Certes, personne ne peut encore prédire quand exactement, mais le compte à rebours a d'ores et déjà commencé. Sur le plan géopolitique, la situation n'est pas moins incertaine. De fait, plus de 70 % du pétrole mondial et 66 % du gaz naturel se trouvent concentrés dans des régions plus ou moins instables : au Moyen-Orient, en Russie et en Asie centrale ex-soviétique. Or, de récents évènements l'ont montré : en quelques jours, les prix du gaz naturel ont été multipliés par quatre à la suite des tensions survenues fin 2006 entre la Russie et l'Ukraine.

Dans ces conditions, on comprend mieux que tous les regards se tournent vers le charbon. Car avec lui, pas de problème de ressource, au moins à l'horizon d'un siècle : les réserves actuelles s'avèrent déjà suffisantes pour tenir entre 150 et 170 ans au rythme actuel. Côté risques géopolitiques, le charbon donne de vrais gages. En effet, la houille se trouve répartie en quantité à peu près égale dans les grandes régions de consommation : un tiers environ pour l'Amérique, l'Eurasie et l'Asie-Océanie, seul le Moyen-Orient se trouvant ici lésé. Mieux, les caprices de l'histoire sédimentaire de la Terre ont fait que les États-Unis sont au charbon ce que l'Arabie saoudite est au pétrole. Autant d'arguments de poids pour le puissant lobby charbonnier, mieux on se protège des risques géopolitiques, mais aussi des attaques terroristes (qui font peser une menace sur les pipelines, ainsi que sur le nucléaire), et même des catastrophes naturelles comme Katrina, dévastatrices pour les plateformes pétrolières dans le golfe du Mexique (un tiers de la production annuelle a été perdu) et les raffineries (43 % des installations américaine se concentrent au Texas et en Louisiane).
Le charbon se prête à certaines métamorphoses particulièrement bienvenues. Par exemple : bien que sa forme soit solide, des procédés, dits "CTL" (Coal to Liquids), permettent de le transformer en carburant destiné, notamment, aux automobiles ! Et guère besoin d'expérimentations ici, le système a fait ses preuves : c'est grâce au procédé d'hydrogénation du charbon, dit "Fischer-Tropsch", inventé dans les années 20, que l'Allemagne a pu lutter jusqu'en 1945 pratiquement sans aucun accès au pétrole.

LE REVERS DE LA MÉDAILLE

Et comment ne pas citer cette ultime application du charbon : en réagissant avec l'eau dans de futures centrales, il pourrait se muer en fournisseur... d'hydrogène, un autre successeur potentiel du pétrole via la pile à combustible...
Impossible de se passer du charbon, donc ! Et puisqu'il y en a partout et en abondance, on pourrait s'en réjouir : la crise de l'énergie est résolue avant même d'avoir commencé ! Hélas, toute médaille, aussi brillante soit-elle, a son revers. Et celui de la houille est sombre : sa combustion émet 35 % de gaz carbonique en plus par rapport au pétrole, 72 % de plus que le gaz naturel. Pas de miracle non plus si l'on remplace les essences actuelles par des carburants liquides à base de charbon, des filières très émettrices en CO2. Autrement dit, basculer du charbon au pétrole conduirait à une catastrophe climatique... À moins, bien sûr, de parvenir à débarrasser le charbon de son encombrant fardeau de CO2. Et d'accepter d'en payer le prix...

Y.S. - SCIENCE & VIE > Mars > 2007
 

   
 C.S. - Maréva Inc. © 2000 
 charlyjo@laposte.net