Cette corneille, au bec droit et aux grands yeux, utilise une brindille pour attraper des larves d'insectes dans le creux des arbres (1), comme 78 % de ses congénères observés au zoo de San Diego, en Californie.

Le chiffre monte même à 93 % chez les adultes. Les biologistes écossais de l'université de St Andrews qui les ont étudiées ont constaté que seulement 47 % des jeunes oiseaux se servent d'outils pour se nourrir, mais certains sans avoir été initiés par un adulte.

Cela suggère que l'usage d'outils est une caractéristique propre à l'espèce et non un apprentissage lié à leurs conditions de vie. Cette espèce endémique de Hawaï, Corvus Hawaiiensis, ou Alala en hawaïen, était menacée de disparition au début des années 2000. Aujourd'hui, une centaine de spécimens vivent au zoo de San Diego.
(1) C. Rutz et al., Nature, 537, 403, 2016.

Le pense-bêtes !

En présence d'un congénère mort, les corbeaux se groupent autour de lui afin de comprendre et d'évaluer les dangers potentiels qui les menacent. (Annual Behaviour)

Si le corbeau est capable de se souvenir pendant plusieurs années d'un visage qu'il n'a pourtant croisé qu'une seule fois, c'est parce que son cerveau fonctionne... comme le nôtre.

Des chercheurs de l'université de Washington l'ont démontré en exposant douze de ces volatiles à deux types de masques : ceux portés par les personnes qui les ont capturés, et ceux portés par les personnes qui leur ont apporté des soins. Ils ont ensuite observé par scanner que, pour distinguer les masques menaçants (la capture) des masques rassurants (les soins), les corbeaux activaient le même circuit d'aires cérébrales impliquées dans la visualisation, la mémoire et les émotions, que les mammifères.

Il sait utiliser un outil pour en atteindre un second.

Si bon nombre d'animaux utilisent des outils, on les imagine moins se servir d'un méta-outil, un outil permettant d'accéder à un second. C'est pourtant ce que font les corbeaux calédoniens d'Alex Taylor, de l'université d'Auckland (Nouvelle-Zélande). Placés devant deux boites grillagées contenant l'une de la viande, l'autre un grand bâton, les oiseaux ont l'intelligence de s'emparer d'un court bâton qui leur permet d'attraper le long bâton, grâce auquel ils accèdent a la viande.

Tout comme les primates, les corbeaux freux ressentent la nécessité de se faire consoler après une dispute !

C'est la première fois que se genre de comportement est observé chez les oiseaux, explique Amanda Seed de l'université de Cambridge. Après s'être battu avec un adversaire, chaque antagoniste revient vers son partenaire qui lui lisse les plumes, partage quelques bouchées, et roucoule avec lui à l'unisson.

Placé devant un tube au fond duquel flotte un ver inaccessible, un corbeau freux est capable d'utiliser les cailloux placés à sa portée pour faire grimper le niveau de l'eau et attraper son butin !

Ses gestes rapides, précis, semblent calculés. Une stratégie d'autant plus remarquable, selon les auteurs de l'expérience, Christopher David Bird et Nathan John Emery, des universités de Cambridge et de Londres, que contrairement aux corneilles de Nouvelle-Calédonie, connues pour fabriquer des hameçons, les corbeaux freux n'utilisent pas d'outils dans la nature. L'étude confirme donc les aptitudes des corvidés, qui font ainsi preuve d'intelligence, à raisonner par analogie et à apprendre rapidement. Elle ne permet toutefois pas de montrer s'ils sont en mesure de planifier leurs actes, comme le font certains grands singes.