Pour aller sur Mars ? Comptez de six à neuf mois. Et pour les anneaux de Saturne ? Ce sera huit ans aller-retour ! Pour rendre supportables d'aussi longs voyages, les agences spatiales ont un rêve : plonger les candidats à de tels vols en état d'hibernation. À savoir : un sommeil sans rêve, une fréquence cardiaque et respiratoire réduite, un métabolisme ralenti permettant de ne pas s'alimenter ni boire pendant des semaines. UN CARACTÈRE PRIMITIF "Jusqu'à la fin des années 1990, nous pensions que l'hibernation était une adaptation à un environnement, explique André Malan, spécialiste de l'hibernation à l'université de Strasbourg. Mais un faisceau d'observations nous a convaincus depuis qu'il s'agit en fait de caractères primitifs que l'on trouve déjà chez des ancêtres reptiliens, et dont nous avons perdu l'usage." LE FROID OU LE GAZ De là l'idée de réactiver chez l'homme cette potentielle aptitude à la torpeur ! "Nous n'en savons pas assez sur l'hibemation naturelle pour pouvoir dire ce qu'il faudrait faire pour l'induire artificiellement chez l'homme", tempère André Malan. Il existe cependant quelques pistes. En premier lieu, celle du froid, car il ralentit les réactions enzymatiques. "L'hypothermie est déjà utilisée lors d'opérations chirurgicales sur le cour ou le cerveau, mais elle est efficace sur un temps court et en conditions très contrôlées", prévient Marco Biggiogera, biologiste de l'université de Pavie (Italie), auteur d'un rapport pour l'Agence spatiale européenne. "Car refroidir le corps entraîne des troubles du rythme cardiaque, de la respiration, et la coagulation du sang." Un bain de glace ne suffira donc pas pour rallier Saturne, tant qu'un antigel, que possèdent certains animaux, n'aura pas été mis au point pour l'homme. Autre piste : la recherche de molécules chimiques réduisant directement l'activité du métabolisme cellulaire. En 2005, une équipe américaine a fait sensation en déclenchant l'hibernation de souris par l'inhalation d'hydrogène sulfuré à très faible concentration. Lors de l'expérience, leur activité métabolique a été divisée par 10 ! Malheureusement, cette "hibernation à la demande" n'a pu être reproduite sur des mammifères plus imposants. L'avènement d'Homo hibematus se fera donc désirer encore un peu, le temps que les mystères qui entourent l'hibernation naturelle soient résolus. Mais les paris sont bel et bien lancés.
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