Index Monde ANIMAL -> HOMME -> CORPS |
L'exposition à certains pesticides agirait comme un accélérateur de l'horloge biologique, en faisant vieillir plus rapidement les cellules. L'analyse, par une équipe de chercheurs internationaie, de cellules prélevées dans la bouche de 1234 agriculteurs montre en effet qu'une forte exposition à 6 des 48 pesticides testés (incluant des herbicides et des insecticides) correspond à une diminution de la taille des télomères. Situées à l'extrémité des chromosomes, ces régions d'ADN rétrécissent à chaque nouvelle division cellulaire, jusqu'à ce que les cellules ne puissent plus se renouveler et meurent. Le lien entre ce phénomène et l'apparition plus fréquente de certains cancers reste à étudier.
Nous avions pointé il y a 6 ans les risques d'un usage intensif des pesticides en France. Le rapport de l'Inserm vient confirmer nos inquiétudes... Parmi les incidences constatées : celle de certains cancers, tel celui de la prostate (en rouge, sur cette IRM), mais aussi de la maladie de Parkinson, du myélome multiple ou du lymphome non hodgkinien. Nous vous en parlions déjà en 2007 : la France est bel et bien malade de ses pesticides, dont elle est la plus grosse utilisatrice en Europe. Difficile de leur échapper : ils sont dans la majorité des cours d'eau, des nappes phréatiques, des aliments. Mais aussi dans notre sang, nos urines, notre tissu adipeux... Sont-ils pour autant nocifs ? Cela ne fait plus guère de doute, à la lecture du rapport des experts réunis par l'Inserm, une analyse - large et étayée - des nombreuses études existant sur le sujet. Selon ce rapport, l'exposition aux pesticides est liée à l'incidence accrue de la maladie de Parkinson, du cancer de la prostate, du lymphome non hodgkinien ou du myélome multiple. Voire de leucémie... OUVRIERS, ENFANTS... Les personnes les plus à risque sont les exploitants et ouvriers agricoles, les employés de l'industrie des pesticides, mais aussi les jardiniers ou les désinsectiseurs. Car c'est principalement par contact avec la peau que se produirait l'imprégnation. L'excés de risque est conséquent : estimé à 62 % dans la maladie de Parkinson, il atteindrait 98 % dans le lymphome pour les ouvriers des usines de pesticides. Pour autant, le reste de la population ne semble pas à l'abri et pourrait être contaminé via l'alimentation , ou un usage domestique. Le rapport souligne le risque encouru par les jeunes enfants ou le fotus dont les mères ont manipulé des pesticides pendant la grossesse : malformations congénitales, retards de croissance, de développement neurologique. Leur risque de leucémie serait augmenté de 35 à 100 % ; celui de tumeurs cérébrales de 30 à 50 %...
Gros producteur européen, la France pratique une agriculture intensive faisant massivement appel aux pesticides. Dès lors, la contamination atmosphérique et alimentaire est inévitable. L'épandage massif de pesticides - particulièrement sur les vignobles (->) - pratiqué par l'agriculture intensive est l'une des sources principales d'exposition pour l'homme. En avril dernier, l'Institut de veille sanitaire (InVS) a présenté les résultats de la première étude sur l'exposition de la population aux composés chimiques. Quarante-deux "biomarqueurs" ont été dosés dans le sang ou l'urine d'un échantillon représentatif de 3.115 Français , vivant aussi bien à la campagne qu'en ville. L'URGENCE D'ÊTRE INFORMÉ : La plupart des biomarqueurs qui trahissent l'imprégnation de l'organisme par des pesticides ont été détectés chez quasiment tous les individus ! Même les organo-chlorés, dont certains sont interdits depuis 40 ans, restent détectables dans nos corps. Du reste, l'InVS ajoute qu'une "attention particulière doit être portée aux organophosphorés et pyréthrinoïdes pour lesquels les niveaux français semblent être parmi les plus élevés en reférence à des pays comparables". Entre autres l'Allemagne, proche voisin. REPÈRES : En 2003 est créé l'Observatoire des résidus de pesticides (ORP), chargé d'évaluer leur présence dans la population et les écosystèmes. Depuis 2008, les limites appliquées aux résidus de pesticides dans l'alimentation sont harmonisées au niveau européen. D'ici à 2018, le plan Ecophyto, né après le grenelle de l'Environnement, vise une réduction de 50 % de l'usage des pesticides en France. Leur utilisation est en constante augmentation...
FRANCE/ÉTATS-UNIS : Le désherbant le plus vendu au monde serait nocif pour l'homme. Condamné aux États-Unis pour publicité mensongère car présenté comme respectueux de l'environnement, le produit de la firme Monsanto est visé par une étude de chercheurs français publiée par une revue scientifique américaine. Pour les deux biochimistes de l'université de Caen qui ont travaillé avec des doses 100.000 fois inférieures à celles utilisées par un jardinier, le Roundup "programme la mort des cellules en quelques heures avec extensions aux tissus et aux ADN, pouvant provoquer des maladies chroniques". Les femmes enceintes seraient les plus exposées. De son côté, Monsanto conteste la validité de cette étude.
Des pesticides ont été retrouvés dans l'environnement et l'urine des enfants. Les pesticides concernent les agriculteurs... et, les enfants d'Ile-de-France. C'est la principale conclusion de l'étude Expope réalisée par l'Institut national de l'environnement industriel et des risques (Ineris) et la faculté des sciences pharmaceutiques et biologiques de l'université Paris-V. Elle a évalué l'exposition de 130 enfants résidant en pavillon ou appartement à Paris, dans le Val-d'Oise et l'Essonne. Afin de rechercher dans leur environnement les traces de 31 pesticides (25 insecticides, 6 herbicides), "des questionnaires, des prélèvements à domicile d'air, de poussières de sol et d'urine ont été réalisés", précise Corinne Mandin, de l'Ineris.
|