Monde ANIMAL - Eucaryotes - Vertébrés, Tetrapoda, Mammalia
MAMMIFÈRES (29 ordres, 153 familles, 200 genres, 6495 espèces)
Theria, Eutheria, Placentalia, Afrotheria, Proboscidea, Elephantidae

Elephantidae (1 famille, 2 genres, 3 espèces)

Culture des Éléphants d'Afrique (Genre Loxodonta, 2 espèces)
(Éléphant de Savane, Loxodonta africana et Éléphant de Forêt, Loxodonta cyclotis)

Namibie : On a Traduit une Expression Éléphant

A.L.D. - SCIENCE & VIE N°1285 > Octobre > 2024

Les Éléphants Favorisent le Stockage du Carbone (Loxodonta cyclotis)

A.-S.T. - SCIENCES ET AVENIR N°913 > Mars > 2023

7 Péchés Animaux : La Colère, l'Éléphant a bonne Mémoire et se Venge avec Fureur


L.G. - SCIENCE & VIE N°1254 > Mars > 2022

Les Enfants, quel Boulot

SCIENCE & VIE JUNIOR N°306 > Mars > 2015

Veillée Funèbre dans la Savane

SCIENCES ET AVENIR HS N°181 > Mars-Avril > 2015

Gabon : les Éléphants et les Plantes Chargées de Sel

TERRE SAUVAGE N°287 > Novembre-Décembre > 2012

Dans la Tête d'un Éléphant

Quels sont ses rituels ? A-t-il vraiment de la mémoire ? À quoi ressemblent ses émotions ? Ils ont un langage, des traditions, une culture. Ils n'oublient rien, pas même leurs morts. Ils aiment, souffrent et on sait aujourd'hui qu'ils peuvent communiquer entre eux de façon unique. Voyage fantastique dans la conscience des pachydermes.

"Les éléphants, tout comme les humains, possèdent une personnalité unique. Ils peuvent être joyeux ou tristes, agités ou placides. Ils expriment de l'envie, de la jalousie, ils ont souvent l'esprit de compétition. Ils s'entraident en cas de difficultés. Si vous les connaissez vraiment bien, vous pouvez voir qu'ils sourient quand ils s'amusent et qu'ils sont heureux", déclare Daplme Sheldrick, fondatrice de l'orphelinat des éléphants de Tsavo au Kenya. On sait qu'ils sont mécontents au claquement sonore de leurs oreilles, qu'ils éprouvent de la méfiance quand ils agitent leur trompe en la relevant. Immobiles, balançant un pied d'avant en arrière, ils sont en proie à l'indécision.
Joie et plaisir peuvent donner lieu à d'exubérantes démonstrations. Les moindres retrouvailles sont prétextes à se congratuler avec force barrissements et ruissellements des glandes temporales, tandis que les trompes s'emmêlent en caresses, chacun cherchant parfois la bouche de l'autre pour se livrer à d'amicales embrassades.
Les spécialistes sont formels : les éléphants se parlent, les éléphants se souviennent. S'étonnera-t-on qu'ils souffrent aussi ? "On dit que l'éléphant d'Asie pleure parfois". En 1872, Charles Darwin ouvrait la voie, mais il faudra attendre près d'un siècle pour que l'on se penche sérieusement sur la vie émotionnelledes animaux. Les vraies découvertes conunencent au Kenya, guidées par Iain Douglas-Hamilton et, surtout, Cynthia Moss et Daphne Sheldrick. Comportementalistes empiriques, elles avancent avec leur cour. Elles ont noté que les naissances sont autant de moments privilégiés. Quelques minutes après la mise bas, les membres de la famille rendent visite à la maman et l'entourent, les tempes humides, là encore, de bonheur.

ILS PRATIQUENT DES RITES MORTUAIRES

Tout aussi grande peut être leur détresse. Cynthia Moss raconte comment une mère peut veiller plusieurs jours durant son bébé mort-né. "La matriarche, qui l'avait assistée pendant l'accouchement, était repartie avec le clan. N'ayant pourtant jamais vu son bébé vivant, la jeune mère faisait passer son instinct maternel avant ses instincts sociaux". Les éléphants - et c'est peut-être là le plus troublant - ont, avec la mort, un rapport construit et sophistiqué. Quand l'un d'eux montre d'inquiétants signes de faiblesse, se couche sur le sol et ne se relève plus, les proches tentent doucement de le remettre debout. Jusqu'au bout, ils le veillent et, quand il est mort, ils creusent le sol de leur pied autour de la dépouille, recouvrent le corps de terre, d'herbe ou de branches. Et ils n'oublient pas les disparus. Les visages aimés, caressés et palpés d'une trompe sensitive tout au long de la vie, demeurent à jamais dans leur mémoire.

MÉMOIRES D'ÉLÉPHANTS

Une veillée funèbre au Botswana. Des éléphants entourent et caressent la dépouille de l'un des leurs (ci-contre, en haut). Retour sur les lieux où gisent les ossements d'un membre de leur famille. Ici dans le parc d'Amboseli, au Kenya (ci-contre, en bas). De leur trompe ultrasensible, qui enregistre les "visages" formés par les os de la face, d'un mouvement delicat du pied, les éléphants rendent hommage au disparu. Les années passent, mais ils n'oublient jamais.

UNE TONNE D'OS ET AUTANT D'ÉMOTIONS

On sait aujourd'hui que le cimetière des éléphants est un mythe : cette idée est née dans l'imagination des hommes. La tête d'un éléphant, c'est une tonne d'os et tout autant d'émotions. Dans le parc d'Amboseli au Kenya, les crânes et les mâchoires de pachydermes trouvés dans la savane sont précieusement recueillis et étudiés. Cynthia Moss, fondatrice et directrice du Centre de recherches sur les éléphants, se souvient encore d'une ancêtre qui, passant tous les jours devant cette double rangée de crânes longue de cinquante mètres, s'arrêtait toujours devant le même. "Elle le palpait avec sa trompe, le humait, le touchait doucement du pied comme les pachydermes le font quand ils sont tristes et pensifs, semblant le distinguer entre tous. C'était le crâne d'une de ses filles, morte deux ou trois ans auparavant".
Dernier survivant des protoscidiens, famille de mammifères portant trompe et défenses, l'éléphant a traversé 5 millions d'années. Comme les autres herbivores, il perçoit le monde en noir et blanc, en passant par tous les tons de gris. il entend mieux qu'il ne voit.

Un système très sophistiqué de communication serait une des clés de cette longévité. Deux études récentes viennent de réveler que les éléphants sont capables d'émettre des messages perceptibles à des kilomètres. "Les éléphants utilisent leurs pieds et leur voix en un système élaboré de communication", indique Caitlin O'Connell-Rodwell, biologiste à l'université de Stanford. "Une association complexe de frappements de pied sur le sol et de grondements transmet des informations en vibrations sismiques, perceptibles sous forme d'infrasons jusqu'à 32 kilomètres".
Le fait que ces animaux puissent transmettre des sons vocaux inférieurs à un décibel avait été révélé, il y a quelques années, par Kathy Pane, une spécialiste américaine des cétacés, qui avait eu l'idée d'appliquer ses méthodes d'enregistrement infrasoniques des mammifères marins à des éléphants du zoo de Washington... Un séjour dans le parc d'Amboseli a confirmé ses découvertes. Toujours sous la houlette de Cynthia Moss, un autre pas vient d'être franchi. Après sept années d'études sur le terrain, l'équipe de Karen McComb vient de découvrir que ce sont les éléphantes les plus âgées qui perçoivent le mieux les informations velliculées par infrasons. Elles ont 55 ans ou plus, et sont capables de distinguer si les signaux vocaux sont émis par des éléphants connus ou étrangers, alors que les jeunettes de 30 ans n'y arrivent qu'une fois sur deux. "Les éléphants se reconnaissent au moyen d'appels de contact. Ce sont des sons audibles pour l'oreille humaine, mais aussi des grondements à basse fréquence qui peuvent parcourir de très grandes distances. On sait aujourd'hui qu'une femelle peut identifier jusqu'à cent voix. Le principal intérêt de nos découvertes est de montrer que la disparition des individus expérimentés peut avoir des conséquences dramatiques pour la survie de cette espèce menacée".

CELLE QUI CONNAÎT L'EAU ET LES CHASSEURS

Le rôle primordial que jouent les éléphantes les plus âgées est connu depuis les années 1970. à cette époque, les autorités sud-africaines venaient de créer le parc de Pilanesberg et décidèrent d'y amener de jeunes éléphants orphelins. "Ce fut une catastrophe, se souvient Pierre Pfeffer, directeur de recherches au Muséum d'histoire naturelle de Paris. Stressés, ces jeunes ne se nourrissaient plus et mouraient. à l'autopsie, on leur découvrait des ulcères à l'estomac. Un Américain, qui avait acheté trois femelles dans un cirque pour les ramener en Afrique, en fit don au parc. Les jeunes se sont groupés autour des femelles plus âgées et la mortalité s'est arrêtée net".
La matriarche rassemble autour d'elle une tribu d'une vingtaine de membres : ses sours, ses filles et les petits. Les mâles prennent leur indépendance à la puberté, entre 9 et 14 ans, et vivent en solitaire, n'approchant les femelles qu'au moment du rut. Guidant sa troupe, la matriarche parcourt jusqu'à 70 kilomètres par jour quand l'eau est rare. Géographe et topographe, elle sait, quand l'herbe manque, où dénicher baobabs et arbres à palmes. Son odorat lui permet de reconnaître le danger, repérant à des kilomètres l'odeur d'un guerrier massaï. Sans elle, les jeunes ont peu de chance de survivre ... La légendaire mémoire de l'éléphant peut couvrir toute son existence, 70 à 80 ans en moyenne. En voyage au Botswana, à Tuli, Pierre Pfeffer se souvient d'une famille d'éléphants rencontrée à un point d'eau. "Soudain, ils lèvent la trompe, écartent les oreilles. Méfiance. Un petit groupe apparaît à l'horizon, un jeune mâle suit à fond de train. La troupe se fige. Soudain, la matriarche se précipite vers lui en barrissant gaiement. C'était certainement un de ses fils perdu de vue depuis des années". On connaît l'histoire de cet ancien dresseur du cirque Pinder retrouvant, après 40 ans, son éléphant dans un zoo. Les deux compères se reconnaissent, émus, et l'animal ressuscite les postures apprises pour la piste... On comprend mieux, dès lors, la fascination qu'éprouvent les humains envers ces pachydermes taillés pour les grands espaces et la liberté. Ceux que Romain Gary, qui leur consacra Les Racines du ciel, nommait "les derniers individus".
Séparé de sa mère, l'éléphanteau ne survit pas. S'il marche presque à la naissance, il lui faut plusieurs mois d'apprentissage patient pour maîtriser sa trompe. Ce n'est qu'à l'âge de 8 ou 10 ans qu'il est capable de se nourrir et d'affronter seul le monde. Voilà pourquoi il est nécessaire de protéger les éléphantes d'Afrique, cibles privilégiées des chasseurs de défenses.

LES DANGERS DE L'IVOIRE

Trente mille éléphants disparaissent chaque année en Afrique et des centaines en Asie. Sous nos yeux...
Encore 3 millions il y a trente ans, ils ne sont guère plus de 300.000 aujourd'hui. Avec la levée, en 1997, de l'interdiction qui frappait le commerce de l'ivoire depuis huit ans, ce sont 30.000 éléphants sauvages qui disparaissent chaque année en Afrique. Et des centaines en Asie. En Afrique, la levée de l'embargo concerne a priori quatre pays (Zimbabwe, Namibie, Botswana et, depuis 2000, l'Afrique du Sud), mais l'absence de frontières et la situation politique du continent empêchent tout contrôle effectif. De plus, la provenance de l'ivoire n'est jamais précisée : on dit toujours qu'il a été "trouvé". Les deux tiers de l'ivoire commercialisé proviennent du braconnage. L'ivoire sert aussi de monnaie d'échange dans les conflits armés. "Les chefs de la guérilla angolaise achètent des mitraillettes à l'Afrique du Sud contre de l'ivoire. En mai 2000, le Zimbabwe a fait venir des kalachnikovs de Chine en échange de 8 tonnes d'ivoire. Allié de Kabila, le Zimbabwe envoie aujourd'hui des troupes au Congo qui se paient sur la bête, en diamants, en or et en ivoire", rappelle Pierre Pfeffer, vice-président de la Société nationale de protection de la nature.

N.C. - JONAS > Août > 2001


L'Écorce d'un Arbre ferait Planer les Éléphants

L'écorce du Marula, mets apprécié des pachydermes, recèle une larve de scarabée toxique qui pourrait expliquer l'ivresse des éléphants.

Ce n'est pas une légende, il arrive que des éléphants sauvages titubent dans la savane africaine... Pourtant, trois chercheurs de l'université de Bristol (Royaume-Uni) affirment que ce comportement n'est pas du, comme on le pense souvent, aux vapeurs d'alcool des fruits du marula (sortes de mangue) dont sont friands les pachydermes.

Pour atteindre "l'ivresse", un éléphant de 3 tonnes devrait en effet absorber entre 10 et 27 litres d'éthanol à 7 % en peu de temps. Conditions difficilement observables, sachant que les vapeurs de la fermentation de ce fruit n'excédent pas 3 % d'éthanol et que les éléphants préfèrent de loin manger les fruits sur l'arbre que ceux fermentant à terre.

Les scientifiques offrent donc d'autres pistes d'explications la présence, dans les fruits du marula, d'une autre substance enivrante, l'acide nicotinique, ou encore le goût des éléphants pour les écorces du marula, refuge d'une larve de scarabée toxique utilisée par des tribus pour enduire des flèches empoisonnées.

E.H. - SCIENCE & VIE > Juin > 2006

 

   
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