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Dossier : Construire un Monde Durable

État des Lieux

Les temps changent. Ils ont même déjà changé. Car aujourd'hui, qui peut encore ignorer cette réalité longtemps occultée : la planète, avec ce qu'elle contient de merveilleuses ressources, n'est pas extensible.

Ce qui est consommé par les uns ne peut plus, par définition, l'être par les autres. L'esprit «Far-West» qui a prévalu jusqu'à présent, appuyé par l'idée qu'on trouvera toujours plus loin de nouveaux espaces vierges, de nouveaux gisements à exploiter, se fracasse sur des faits plus têtus : le pétrole s'épuise, les océans se vident de leurs poissons, les sols s'appauvrissent, tandis que l'air et l'eau s'enrichissent, si l'on ose dire, des polluants que nous y accumulons.

Sans compter que dans leur légitime volonté de s'industrialiser, des nations comme la Chine ou l'Inde puisent désormais au même titre que les pays économiquement plus développés dans les richesses de notre «petite» planète. Du coup, l'angoisse domine en ce début de troisième millénaire. Faut-il se préparer à manquer de tout, dans un monde devenu trop limité ? Quitter la Terre pour coloniser Mars ou d'autres mondes extrasolaires n'étant pas pour tout de suite, l'humanité n'a plus d'autre choix que de composer avec un monde fini.

Ce qui signifie dresser l'inventaire de ce dont nous disposons réellement et relever tous les défis qui en découlent. Les sciences et de nouvelles technologies peuvent nous y aider. Elles ne seront pas de trop pour "gérer" durablement nos ressources.

Montée des Périls

Une démographie qui s'emballe, des écosystèmes altérés, des villes qui s'étendent à l'infini, des ressources qui s'épuisent, des déchets qui s'amoncellent et une nature qui, par de violents soubressauts rappelle qu'elle a toujours l'ascendant sur l'homme... De toutes parts, les voyants rouges s'allument.

Catastrophes naturelles, flambée du prix des denrées alimentaires comme du baril de pétrole, pollutions diverses et variées menaçant l'air comme l'eau... De partout monte l'écho d'un monde en crise suscitant peur de manquer et angoisse pour l'avenir. Avec raison ? Une chose est sûre : l'alerte est donnée.

Près de 140.000 morts, plus d'un million de sinistrés : le bilan de Nargis qui a frappé la Birmanie début Mai, est très lourd. Ce cyclone est-il dû au réchauffement global ? Difficile à dire. Mais les dégâts auraient sans doute étaient moins importants si la mangrove, qui protégeait auparavant la côte Sud du pays, n'avait pas été supprimée. Comme Katrina en 2005, à la Nouvelle-Orléans, Nargis vient rappeler la fragilité de nos sociétés face à une nature qu'elles sont loin d'avoir maîtrisée.

La Terre croule sous les déchets.

Les rues de Naples et de son arrière-pays, envahies par plus de 100.000 tonnes d'ordures. Ce spectacle désolant est venu rappeler cet hiver, que tout ce qui est jeté doit bien finir quelque part. Et qu'il n'est jamais bon de produire plus de déchets qu'on ne peut en traiter. Alors que les Napolitains affrontent l'impuissance des pouvoirs publics, l'inquiétude gagne l'ensemble des pays développés.

Pendant que les décharges satures, les dépôts sauvages se multiplient en toute illégalité.

Les atteintes aux écosystèmes se multiplient.

Les forêts tropicales auront-elles bientôt disparu ?
Malgré les sonnettes d'alarmes régulièrement tirées, l'Amérique du Sud et l'Afrique continuent de perdre chacune, près de 4 millions d'hectares de forêt par an. En Indonésie, 2 millions d'hectares ont été abattus entre 2000 et 2005.
Chaque jour, ce sont 200 km² de forêt qui disparaissent dans le monde. Une saignée qui libère près d'un milliard de tonne de CO2 par an dans l'atmosphère, fragilise un grand nombre d'espèces vivantes et accélère la dégradation des sols.
Ailleurs d'autres écosystèmes sont irrémédiablement altérés. Les barrière de corail diqparaissent, des lacs, voire des mers s'assèchent et la désertification menace 40 % des terres disponibles. L'humanité ne saccage-t-elle pas inexorablement son cadre de vie ? Loin des fantasmes d'une nature sauvage idéalisé, le risque est que ces écosystèmes ne puissent plus nous fournir les ressources renouvelables dont nous avons plus que jamais besoin.


Le spectre de la faim menace plus que jamais les pays du Sud.

Des Philippines au Maroc,en passant par la Somalie, depuis plusieurs mois, les émeutes de la faim se multiplient dans tout le tiers-monde.
Le 5 mai, des policiers ouvraient le feu à Mogadiscio, sur la foule qui manifestait contre l'envolée des prix alimentaires. Un mois auparavant, des émeutes faisaient six morts à Haïti. Le désarroi des plus démunis se transforment en violence.

Aux 854 millions de personnes mal nourries (FAO 2007) s'ajoutent les 100 millions de personnes qui, dans les pays pauvres, ont basculé dans la grande précarité en quelques mois. La mobilisation s'organise, mais déjà, des experts prédisent la fin de la nourriture bon marché.

Le béton continue de grignoter les terres.

À quoi ressembleront les villes du XXIè siècle ?
Les agglomérations continueront-elles de s'étendre jusqu'à la démesure, à l'image de Los Angeles ou de Houston, déversant chaque jour sur des voies de plus en plus larges un flot toujours plus dense de voitures ? La question est cruciale puisque la moitié de la population mondiale vit déjà en milieu urbain et que la planète devrait compter, en 2030, près de 5 milliards de citadins.

Consommation excessive d'énergie et autres ressources, embouteillages monstrueux, pollutions atmosphériques et réduction drastique des espaces verts sont autant de piège qui guettent l'ensemble des villes du monde si elles suivent le modèle qui a prévalu jusqu'à présent dans les pays les plus développés.

Dossier : Construire un Monde Durable

SCIENCE & VIE Hors Série > Juin > 2008
 

   
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